Un designer pas comme les autres
On peut trouver l’origine du travail d’Aldo Bakker dans son apprentissage iconoclaste. Fils de deux designers néerlandais, Emmy van Leersum et Gijs Bakker, Aldo a appris son métier en rupture avec les circuits traditionnels artistiques en travaillant directement avec des artisans, menuisiers, orfèvres, maitres laqueurs…Il s’est toujours beaucoup plus intéressé aux savoir-faire, aux techniques, aux matières et aux matériaux, qu’aux formes et leurs fonctions. Le créateur ne part pas de la fonctionnalité, mais de sa fascination pour une forme : celle d’une rambarde d’autoroute, de la courbe d’une cage d’escalier ou de la façade d’une maison du canal d’Amsterdam datant du XVIIe siècle. Il observe, croque, dessine, recherchant ainsi la possibilité qu’offre une forme de se transformer en objet, ou plutôt en image. Selon lui, « la fonction n'est qu'un des aspects dont le design a besoin, au même titre que le choix de la matière et la manière de la travailler ».
Des objets qui posent des questions
Pourquoi un broc d’eau a-t-il toujours une ouverture en haut ou sur le côté ? Pourquoi le sel et le poivre sont-ils dans des contenants opaques qui dissimulent le contenu que vous vous apprêtez à saupoudrer ? Des questions qui interpellent Aldo Bakker, lui qui transforme une salière en une cuillère, contenant le sel dans le manche élargi. Et un broc devient, grâce à son imagination, un vaisseau coupé en diagonale, avec l’anse à l’intérieur. Ses objets semblent souvent habités d’une personnalité, d’un caractère propre, comme s’il s’agissait de créatures autonomes. Son tabouret Tonus et son bougeoir Candle Dome ressemblent à des perruques ou des coiffures, et son vinaigrier Vinegar Flask évoque de manière irréfutable une créature rappelant un pingouin au bec impatient de mordre. Etrangement familières, ses créations peuvent être décrites comme des « archétypes de la culturelle matérielle sophistiquée ». Souvent fabriqués à partir d’une seule matière (céramique, verre, bois, cuivre…), elles dessinent des formes organiques, amicales, proches du pictogramme. Leur fonctionnalité relative entraîne une dramatisation du geste. Ouvrir, verser, prendre en main… tout cela prend une ampleur, une théâtralité inattendues. Côté ergonomie, les objets, nés de la main de l’homme, prolongent la main quant à leur usage. Et une fois en main, elles nous semblent évidentes. Ses récipients ne font qu'un avec l'eau, jusqu'à en prolonger l'écoulement, du robinet à la tasse.
Un évènement exceptionnel
La façon de travailler d’Aldo Bakker s’apparente plus aux artistes et aux sculpteurs, comme Cézanne et Brancusi, qu’aux designers. Avec une scénographie conçue par Aldo Bakker lui-même, l’exposition Aldo Bakker. PAUSE constitue la première rétrospective d’envergure de ce designer. Et elle s’adresse à tous les amateurs d’art au sens le plus large.
Renseignements :
Grand Hornu/CID
82, rue Saint-Louise
7301 Hornu
Belgique
www.cid-grand-hornu.be
et
www.aldobakker.com
Ajouter un commentaire