Une vie, une œuvre…
…Mais aussi une exposition à voir jusqu’au 8 janvier 2017 au Musée des Arts Décoratifs de Paris. Parcours sans faute pour ce génie de la création qui déjà, tout petit, semblait prédestiné à créer : « Je suis né à l’âge de l’avion. A sept ans, je me suis lancé dans des maquettes d’engins. Et puis, je me suis recomposé un décor. Je dessinais ma rue autrement qu’elle n’était, puis les maisons, toute l’architecture y a passé. Je me fabriquais un univers imaginaire. » Au début des années 1950, ce surdoué démarre sa carrière chez Dupont de Nemours, Caterpillar, Frigidaire, Général Motors… et adopte les méthodes de travail l’américaine. Puis il collabore pendant 20 ans avec l’agence Technès où il développera de nombreux projets très diversifiés : machines-outils, électro-ménager, appareils photo et caméras, machines à écrire, poste de télévision, machines à écrire, matériel de bureau…et plus de 400 produits industriels.
Le maître Tallon et sa méthode
En 1973, il quitte Technès et ouvre sa propre agence où il mettra en pratique sa vision du design global, du produit à l’image : chaque projet donne lieu à une approche générale impliquant tous les domaines du design. Le produit devient l’un des éléments d’une problématique beaucoup plus large incluant l’ergonomie, les couleurs, la signalétique, l’emballage, le graphisme, le logo, le transport, la communication et la publicité…Et il conçoit des objets et des espaces pensés pour accompagner l’évolution des modes de vie en pleine mutation. Esquissant l’image du designer polyvalent que l’on connaît aujourd’hui et luttant contre le goût trop décoratif des Français, Roger Tallon a usé d’une grande liberté et indépendance vis-à-vis des éditeurs de mobilier ou de luminaires qui le sollicitèrent fréquemment. Mais pour lui, dessiner un objet et se faire éditer ne suffit pas : « L’objet est dépassé. On est passé du système d’objets et enfin à l’objet système. Autrement dit, on est passé de la casserole à la batterie de casserole ; c’est la cuisson plus que la casserole qui nous intéresse. » Et quelque soit l’objet, un train, un siège ou une petite cuillère, la méthode de travail de Roger Tallon restait inchangée. « Dessiner un TGV est moins difficile (qu’un couvert de table), parce que résultant d’un enchaînement d’items beaucoup plus complexe. »
Le cas du champignon
Développé par trois fabricants, Daum pour le verre, Raynaud pour la vaisselle en porcelaine et Ravinet d’Enfer pour les couverts en inox, son service 3T opère une petite révolution dans les arts de la table. Il permet à trois entreprises de se rencontrer et de collaborer ensemble sur un projet commun. Et la forme champignon qu’il décline sera réutilisée en 1969 avec le tabouret Cryptogamme. Car pour Tallon, la fonction ne détermine pas de forme idéale. A partir de cette forme archétypale, il a créé 42 objets. Le champignon va ainsi se reproduire du verre à la soupière, en passant par le siège et créer une famille d’objets. On peut aussi penser aux luminaires en forme de champignon initiés par l’Art Nouveau et repris ensuite pas nombre de designers : Joseph Hoffmann pour le modèle Piano en 1903, Gae Aulenti pour la lampe Pipistrello en 1965, Gruppo Architetti Urbanisti Citta Nuova pour Nesso en 1962 ou Vico Magistretti pour Dalù en 1969, entre autres.
Renseignements :
Roger Tallon
Le Design en mouvement
Musée des Arts Décoratifs
107, rue de Rivoli, 75001 Paris
Tél. : 01 44 55 57 50
www.lesartsdecoratifs.fr
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