Un talentueux précurseur
On peut considérer René-Jean Caillette comme l’un des premiers designers français des Trente Glorieuses. Fils d’un ébéniste parisien, il a suivi les traces de son père, mais à sa façon en démocratisant la qualité grâce aux nouvelles possibilités de la fabrication en série. Ancien élève de l’Ecole nationale des Arts appliqués (Duperré), dès la fin des années 30, il se passionne pour le mobilier et le produit très tôt en série, tout en continuant en parallèle une carrière de graveur. René-Jean Caillette est un membre actif et dynamique du groupe Saint-Honoré qu’il a initié en 1949. Avec lui d’autres créatifs inventifs comme Ronan de la Godelinais, Roger Landault, Marcel Gascoin, Bernard Durussel, Jacques Hauville, et les frères Perreau. Leur première exposition organisée dans un local proche de la rue Royale montre un mobilier en chêne clair au modernisme tempéré pour ménages de tous âges. C’est à cette occasion qu’il rencontre René Gascoin, avec lequel il fonde l’Association des Créateurs de Mobilier en Série (A.C.M.S.) qui défend les droits d’une profession naissante. Sa vocation est de fournir du mobilier signé vendu au même prix dans toute la France. Cette association sera présente à chaque Salon des Arts Ménagers. René-Jean Caillette fonde ensuite sa propre agence. En 1950, il présente, dans la section Foyer d’Aujourd’hui du Salon des Arts Ménagers de 1950, des meubles transformables et démontables. En 1954, il forme un autre groupe, le Groupe 4, avec Geneviève Dangles, Joseph-André Motte et Alain Richard. L’éditeur Georges Charron ouvre une boutique 58, rue Notre-Dame-de-Lorette, au pied du Sacré-Cœur, pour vendre leurs créations. René-Jean Caillette est fidèle à cet éditeur et à l’aventure du groupe avec Joseph-André Motte jusqu’en 1972. Mais il travaille aussi avec Airborne, Steiner (sièges) et Pierre Disderot (luminaires), et expérimente de nouveaux matériaux comme le contreplaqué, l’inox, le rotin ou le plastique. Sa chaise Diamant, considérée comme l’un des plus beaux modèles de l’époque, a d’abord été fabriquée par Louis Faillet puis par Steiner. René-Jean Caillette a dit de ce modèle : « Il est le plus pur et le plus facile de mes modèles à fabriquer en contreplaqué moulé. Je l’ai dessiné avec un bout de carton, me disant que si le carton pouvait se plier, le bois se plierait. » Il a aussi mis au point un canapé-lit de conception nouvelle, particulièrement stable, qui devient dans une nouvelle adaptation, un modèle phare de Steiner. Enseignant à l’ENSAD, de 1954 à 1972, et à l’ESAG, de 1969 à 1981, il se soucie, comme nombre de ses confrères, de transmettre un message de modernité à ses élèves et futurs designers.
Des matériaux nouveaux
Après le contreplaqué moulé, Caillette expérimente des matériaux plus cossus comme les placages en Palissandre de Rio, les cuirs et les capitonnages destinés à une clientèle plus aisée. Car il fut le premier à comprendre que le mobilier contemporain s’adresse à une clientèle fortunée. En 1953, il suivra la campagne lancée pour promouvoir l’Acajou français et comme Joseph-André Motte, abandonnera les bois clairs. Les meubles de Caillette seront diffusés par les Magasins du Printemps et son « 8ème art » devient un aménagement économique et astucieux. Il défend aussi, le premier, les produits verriers dans « La Maison du Soleil » dans l’Exposition de l’Habitation, au Salon des arts ménagers de 1957. Ainsi, René-Jean Caillette démontre que l’emploi du verre massif permet d’obtenir un intérieur plus lumineux et reposant. Une idée très moderne à laquelle la table basse avec plateau en verre massif, présentée dans cette exposition n’est pas étrangère.
Des pièces rares
Les pièces présentées dans cette exposition ont réclamé une grande recherche, car l’ensemble des créations de René-Jean Caillette, qui ont été léguées aux Petits Frères des Pauvres, ont été dispersées en 2006 lors d’une vente hommage chez Tajan. Parmi les pièces rares, la chaise iconique Diamant et la table basse GC56 au plateau utilisant une épaisse dalle de verre et un piètement géométrique atypique. On peut aussi remarquer l’originalité des pieds en arc-de-cercle de la table et de l’enfilade Sylvie utilisant un bois exotique au veinage très décoratif, le fameux palissandre de Rio.
Renseignements :
Du 09 septembre au 22 octobre 2016
Galerie Pascal Cuisinier
13, rue de Seine
75006 Paris.
Tél. : 01 43 54 34 61
Mail : contact@galeriepascalcuisinier.com
www.galeriepascalcuisinier.com
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