Des plumes littéraires du Goncourt (Antoine Westermann est le chef du Drouant dans le 1er arrondissement) aux plumes bariolées de poulettes et à la crête d’un beau coq ; il n’y a pas loin… si, la seule et éprouvante montée de la rue Lepic sur la butte Montmartre !
On a dépassé le quartier de Pigalle et ici, dans votre assiette, seules trônent des poules de luxe ! D’ailleurs la carte affiche les provenances des gallinacées, ce qui rassure toujours le gourmet sur la provenance « terroir» et non «Rungis» de ce qu’il ingurgite. Amoureux des volatiles, Antoine Westermann s’est associé avec une adresse particulièrement «gallinophile» depuis des lustres, le Coq Saint-Honoré, qui fournit bon nombre de tables étoilées, via sa connaissance d’éleveurs artisans dans tout l’hexagone.
La rue Lepic bouge donc, le franco-mauricien, Antoine Heerah, a repris le Moulin de la Galette et notre chef alsacien a installé son poulailler juste en face avec la possibilité d’y cancaner à la table d’hôtes ou au comptoir devant les broches.
Sous la houlette du jeune Thierry Lébé, les volailles de tout acabit, pigeon du Poitou, pintade de Challans, poulet de Bresse, se dorent la couenne à la broche lentement, mais sûrement ! Bien sûr elles composeront votre plat principal, même si, ici, poules et coqs de belle basse-cour sont travaillés sous toutes les envolées : en bouillon, en salade, en terrine, en potage, en pot au feu, en rillettes.
Pour ne pas vous alourdir dès le début du repas, zappez les œufs, à la coque, au caviar, au plat, à la russe version mayonnaise. Préférez leur l’émietté de tourteau sur guacamole, posé sur une gelée de volaille 22 €. C’est frais et l’avocat bien relevé pimente l’ensemble.
Aux poulettes entières de Bresse cuites lentement en baeckhoffe avec des truffes (95 € pour 4 personnes), j’ai préféré le classique poulet fermier de Challans pour 1 personne (20 €). Voilà le produit brut sans ajout d’herbes donnant une belle chair moelleuse et une peau non grasse craquante. L’accompagnaient une simple salade, des frites maison, mais un peu trop fines bien que croustillantes.
A la table voisine, un gourmet semblait se régaler avec une pintade aux asperges et morilles dans une sauce crémeuse ; tandis qu’un autre décortiquait une planchette de gésiers, cœurs et ailerons épicés (11€).
Le repas s’est conclu allègrement avec un millefeuille au chocolat : super aérien et fait minute avec une ganache au chocolat un peu amer. Une vraie réussite en comparaison des autres desserts moins originaux dans les 12 € (salade de fruits sorbet ananas, île flottante, vacherin vanille fruits rouges).
Pour marier la viande blanche des volailles, Westermann et son sommelier ont sélectionné une carte riche en vins d’Alsace, ce qui est normal eu égard aux origines du chef étoilé. Cependant notre table avait sélectionné un Chablis 1er cru Domaine Berbard Defaix Côte de Lechet 2010. Malgré sa jeunesse (52 € la bouteille, 32 € la demi bouteille), le Chablis convenait pour tout le repas ; idem pour le Bourgueil bio « Les Galichets » C&P Breton à 37 €.
Au final, une belle prestation côté cuisine, parfois un peu chère, mais de gros progrès à faire côté service : bouillon renversé sur la table, cuillère d’un dessert reçu sur les genoux, tasse à café renversée au cours d’un même déjeuner !
Coq Rico
98, rue Lepic
75018 Paris
Tél : 01 42 59 82 89
Voiturier 8 €
40 places assises, 7 au bar, 16 personnes à la table d’hôtes
Ouvert 7 jours sur 7.
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