« Minéralité, sensorialité, radicalité »
Quel est le point commun entre le Stadium de Vitrolles, architecture monolithique dans un paysage teinté de bauxite, le pavillon noir ajouré d’Aix-en-Provence ou le MuCEM, pièce maîtresse qui assure la reconquête du port de Marseille ? Le béton et Rudy Ricciotti, architecte d’aujourd’hui et homme du sud, qui révolutionne la vision que l’on a de cette matière. Il utilise le béton allégé et fibré à ultra-hautes performances pour dessiner des façades ajourées, ondoyantes, des murs découpés qui cadrent des vues et des ouvertures à la géométrie libre. Chercheur autant que bâtisseur, dans son « laboratoire de plaisir » installé à Bandol, Rudy Ricciotti ne sait pas si ce qu’il imagine est possible. Il tente avec des techniciens et des charpentiers de marine, de repousser les limites de la matière, et rendre beau, ce qui ne l’est pas. Et sa vision sentimentale et romantique du béton, qui le conduit à une forme de maniérisme, fustige le minimalisme, souvent associé à ce matériau de l’« arte povera ».

©Eric Duläre
Une architecture qui dialogue avec les éléments
Ses murs ajourés découvrent des lambeaux de ville et de paysage. Il découpe des séquences, façonne des dentelles, sculpte des trames. Avec Rudy Ricciotti, le mur en béton est un tissu vivant comme les éléments, l’eau, le vent, le soleil qui le traverse, le sublime. Les créations de Rudy Ricciotti portent l’empreinte de sa personnalité. Elles parlent de lui, de ce pied-noir d’origine italienne et camarguaise, et de son arrière- grand-père qui était gitan. Il a passé son enfance, en Camargue, à pêcher. Et ses constructions évoquent ses relations privilégiées avec le canal, l’étang, l’eau salée, les moustiques, les roseaux, les herbes bizarres. Les murs évoquent tous les éléments naturels et la matière parle. Il dit qu’elle doit être « hystérique ».

©Olivier Amsellem
Une expo pour comprendre
« Il faut être régionaliste violent, et faire violence au régionalisme, si l’on veut tenter de retrouver quelque substance territoriale », a déclaré Rudy Ricciotti.
Que dire de plus ? Ne pas manquer le film L’Orchidoclaste », réalisé par Laëtitia Masson, qui évoque le personnage dans toute son authenticité, et qui est diffusé en continu dans cette exposition. Et surtout, ensuite, changer son regard sur le béton, qui n’est pas un matériau froid, uniforme, statique…. Nous ne sommes plus vision du béton des années 1970 et encore moins à la période Bauhaus.
Imaginiez-vous que l’on pouvait faire tant de formes innovantes avec le matériau ?

©Olivier Amsellem
Renseignements :
Cité de l’Architecture et du Patrimoine
1, place du Trocadéro, 75016 Paris.
www.citechaillot.fr
Tél. : 01 58 51 52 00

©Lisa Ricciotti

©Philippe Ruault

©Laurent Boudereaux
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