A Arles, l’architecture des jours meilleurs selon Jean Prouvé

Jusqu’au printemps 2018, la Fondation Luma présente 12 structures préfabriquées, créées entre 1939 et 1969 par cet architecte français très engagé socialement.

Crée en 1948 en réponse à une commande comme prototype pour la reconstruction, l’École provisoire Villejuif  ne connaîtra pas le succès escompté…

Qu’est-ce-que la Fondation Luma ?

Créée en 2010, la Fondation Luma est un complexe culturel et centre d’art contemporain installé sur une ancienne friche d’ateliers ferroviaires. Elle se compose non seulement de six anciens bâtiments industriels en cours de rénovation, mais surtout d’une tour neuve de 56 mètres de hauteur, clef de voûte du site, et imaginée par l’architecte Frank Gehry. Parmi les bâtiments déjà ouverts aux expositions, la Grande Halle de 5000 m². Quant à la tour de Gehry, véritable folie architecturale, elle devrait être terminée à la fin de l’année 2018. L’ensemble du site forme un parc de 10 hectares avec jardins dessinés par le paysagiste bruxellois Bas Smets.

La structure exposée de l’Ecole de Bouqueval est une adaptation demandée aux ateliers Jean Nouvel / HW architecture par la Galerie Patrick Seguin.
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La structure exposée de l’Ecole de Bouqueval est une adaptation demandée aux ateliers Jean Nouvel / HW architecture par la Galerie Patrick Seguin.
©Victor Picon

La méthode  Prouvé

Jean Prouvé abordait de la même manière la construction d’un meuble et celle d’un immeuble. Aux ossatures en tôle d’acier plié de son mobilier, il faut également associer ses contributions à l’architecture moderne et sa pratique socialement engagée en tant que constructeur. Et Prouvé a adapté son système de construction aux exigences de l’époque en utilisant des matériaux peu coûteux mais durables. Ses bâtiments peuvent aussi être facilement assemblés, démontés, déplacés et modifiés. A la fin des années 1930, Prouvé a commencé à créer des prototypes et à déposer des brevets de systèmes de construction transportables, ou « maisons démontables ». Ses systèmes préfabriqués à un usage civil ou militaire furent applaudis durant la Seconde Guerre mondiale pour leurs conceptions audacieuses et il reçut, en 1947, la Médaille d’or de la Reconstruction et de l’Urbanisme pour ses contributions aux efforts de reconstruction. La Maison des jours meilleurs (1956) commandée l’abbé Pierre, le fondateur des Compagnons d’Emmaüs, illustre le mieux la façon dont Prouvé s’est efforcé toute sa vie de mettre l’architecture industrialisée au service d’un besoin social. Si l’intention de Prouvé était de produire des maisons aussi vite que Citroën produisait des voitures, la plupart de ses prototypes de bâtiments préfabriqués n’ont pas été adoptés de son vivant.

De nombreux prototypes de maisons en bois ont été aussi étudiés. Réalisées à partir de 1944, ces pavillons était destinés à reloger les sinistrés de Lorraine. Ces baraques en bois et métal tiennent compte de la pénurie de ce dernier matériau.
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De nombreux prototypes de maisons en bois ont été aussi étudiés. Réalisées à partir de 1944, ces pavillons était destinés à reloger les sinistrés de Lorraine. Ces baraques en bois et métal tiennent compte de la pénurie de ce dernier matériau.
©Victor Picon

Une architecture de l’actualité

Cette exposition regroupe le plus grand nombre de systèmes de construction démontables de l’architecte Jean Prouvé jamais présentés à ce jour, sur le même site. Les 4 premières maisons ont été installées en mai 2017 dans le Parc des Ateliers et, depuis octobre, 8 autres modules ont été montés à l’intérieur et à la proximité immédiate de la Grande Halle, un espace d’exposition aménagé dans une fonderie du XIXème siècle. Et toutes ces structures jamais homologuées questionnent notre époque sur la qualité actuelle des structures d’hébergement d’urgence. Alors que les réfugiés et toutes les personnes en difficulté sont parqués dans des conditions inhumaines, dans des abris précaires et souvent indignes, cette exposition a le mérite de rappeler aux pouvoirs politiques l’intérêt indéniable de des solutions brillantes de Prouvé, malheureusement rejetées après la seconde guerre mondiale.      

Au pied de la tour Ghéry et de l’Atelier des Forges, un ensemble regroupe l’adaptation par l’architecte Jean Nouvel de la Maison démontable Ferembal, 1948 et une Baraque Militaire démontable 4×4, conçue en 1939 et qui servit de guérite d’entrée pour l’usine Ferembal de Nancy.
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Au pied de la tour Ghéry et de l’Atelier des Forges, un ensemble regroupe l’adaptation par l’architecte Jean Nouvel de la Maison démontable Ferembal, 1948 et une Baraque Militaire démontable 4×4, conçue en 1939 et qui servit de guérite d’entrée pour l’usine Ferembal de Nancy.
©Manuel Bougot

Contact :
Fondation Luma, Jean Prouvé – architecte des Jours Meilleurs

7-9-11, rue de la République
13200 Arles
Tél. : 04 88 65 83 09
www.luma-arles.org

L’Ecole de Bouqueval, un des deux prototypes qui répond au concours lancé en 1949 par le ministère de l’Éducation nationale, pour « une école rurale industrialisable à une classe avec logement d’instituteur ».
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L’Ecole de Bouqueval, un des deux prototypes qui répond au concours lancé en 1949 par le ministère de l’Éducation nationale, pour « une école rurale industrialisable à une classe avec logement d’instituteur ».
©Victor Picon

Les “chalets” d’urgence étaient directement acheminés en pièces détachées dans les villages dévastés par les bombardements. Elles pouvaient être montées en une journée par 2 personnes sur le lieu même des destructions, permettant ainsi aux populations privées de toit de rester dans leurs villages.
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Les “chalets” d’urgence étaient directement acheminés en pièces détachées dans les villages dévastés par les bombardements. Elles pouvaient être montées en une journée par 2 personnes sur le lieu même des destructions, permettant ainsi aux populations privées de toit de rester dans leurs villages.
©Victor Picon

Entre l’Atelier de la Mécanique et la Grande Halle, l’élégante École provisoire Villejuif de 1957 précède le Bureau d’études des Ateliers Jean Prouvé à Maxéville.
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Entre l’Atelier de la Mécanique et la Grande Halle, l’élégante École provisoire Villejuif de 1957 précède le Bureau d’études des Ateliers Jean Prouvé à Maxéville.
©Victor Picon

L’Ecole de Bouqueval, comme tous les bâtiments commandés à Prouvé par l’état français à la fin des années 40, devait être fabriquée en grande série, facilement et rapidement montée sur n’importe quel site.
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L’Ecole de Bouqueval, comme tous les bâtiments commandés à Prouvé par l’état français à la fin des années 40, devait être fabriquée en grande série, facilement et rapidement montée sur n’importe quel site.
©Victor Picon

Intérieur du Bureau d’études des Ateliers Jean Prouvé à Maxéville.
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Intérieur du Bureau d’études des Ateliers Jean Prouvé à Maxéville.
©Victor Picon

A droite, la  Maison des jours meilleurs (1956) commandée par l’abbé Pierre, fondateur des Compagnons d’Emmaüs. D’une surface de 57m², montée en 7 heures, elle a été jugée trop révolutionnaire pour son époque. Elle n’a pas obtenu les homologations officielles pour une production en série. Les fonctionnaires refusaient notamment qu’une salle d’eau soit installée au cœur de l’habitation. Ce refus a entraîné l’arrêt définitif du projet et sa production industrielle. Seuls quelques exemplaires ont été réalisés.
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A droite, la Maison des jours meilleurs (1956) commandée par l’abbé Pierre, fondateur des Compagnons d’Emmaüs. D’une surface de 57m², montée en 7 heures, elle a été jugée trop révolutionnaire pour son époque. Elle n’a pas obtenu les homologations officielles pour une production en série. Les fonctionnaires refusaient notamment qu’une salle d’eau soit installée au cœur de l’habitation. Ce refus a entraîné l’arrêt définitif du projet et sa production industrielle. Seuls quelques exemplaires ont été réalisés.
©Victor Picon

Article publié le 25 décembre 2017

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