Une demeure de villégiature
La restauration de la villa E-1027, construite entre 1927 et 1929, vient d’être terminée. Dessinée par l’architecte et décoratrice écossaise Eileen Gray pour elle-même et son compagnon, également architecte et roumain, Jean Badovici, c’est un paradigme d’habitat, où chaque espace bénéficie d’un accès indépendant. Après la séparation des deux architectes, Le Corbusier, qui séjournait régulièrement dans cette maison, réalisa sept peintures intérieures murales qu’il détruira lui-même en 1958, alors qu’Eileen Gray les considérait comme une atteinte à l’intégrité de son œuvre. Elles sont réhabilitées aujourd’hui. Côté mobilier, la villa E-1027 est considérée comme un exemple de gestion rigoureuse de l’espace avec des meubles intégrés, un ensemble de divans, un bar sous l’escalier, des bibliothèques…Dans la tête du lit de la chambre principale étaient insérés une veilleuse, une lampe de lecture et un chevet rétractable. Et des petits meubles légers pouvaient se déplacer, remplir plusieurs fonctions en s’adaptant à différentes configurations, préfigurant le « style camping » avant-garde et nomade d’Eileen Gray.

©Manuel Bougot – Consorts Rebutato/ADAGP, Paris 2015
Un habitat vernaculaire
C’est au-dessus cette villa, qu’en 1952, Le Corbusier, tombé amoureux du site, construit son Cabanon, accolé à l’Etoile de Mer, devenue ensuite la cantine de son groupe d’amis. Ce prototype habitat minimal et idéal de 3,66 mètres de côté, il l’appelait aussi son « château sur la Côte d’Azur » et il y passa tous ses étés avec sa femme Yvonne.

©Manuel Bougot – Consorts Rebutato/ADAGP, Paris 2015
La construction s’inspire des habitations autochtones très simples et modestes. A l’intérieur, deux lits au nord-est, avec une fenêtre à hauteur de couchage donnant sur le mur de restanque (retenue d’eau en pierres sèches) de l'arrière, constituent la zone nuit. Le reste de la partie sud constitue l'espace de séjour, avec une table fixe orientée pour offrir une vue sur la baie de Monte-Carlo. Un placard sur le côté nord-ouest adossé au couloir, complète le mobilier. Les sièges sont constitués par des boîtes rectangulaires creusées de poignées qui permettent une assise haute ou basse. Ce modèle tabouret est réédité par Cassina. Et c’est sur la plage voisine de Cabbé, le 27 août 1965, que Le Corbusier décéda d’un malaise cardiaque conséquent à sa séance habituelle de nage en pleine mer.

©Manuel Bougot – Consorts Rebutato/ADAGP, Paris 2015
Une base de loisirs
En 1957, Le Corbusier crée pour Thomas Rebutato cinq Unités de camping, dont l'intérieur reprend certains principes du Cabanon. Chacune peut loger deux personnes dans 8 m² et une baie en " T " couché, inspirée de l'idée moderne de fenêtre allongée cadre le paysage face à la mer. Ces unités témoignent d'une réflexion sur les proportions et la construction standardisée. Quant au restaurant l’Etoile de Mer, marqué par la personnalité de son propriétaire Thomas Rebutato, il fait le lien entre la villa blanche d’Eileen Grey et le Cabanon de Le Corbusier. Il a aussi réjouit, de ses spécialités culinaires, ses occupants et tous les pensionnaires vacanciers des Unités de camping, pendant plusieurs étés.
Cap Moderne, en face de Monaco, visitable du 3 mai au 31 octobre 2015
Tél. : 06 48 72 90 53
www.capmoderne.com

©Manuel Bougot – Consorts Rebutato/ADAGP, Paris 2015

©Tim Benton – FLC/ADAG, Paris 2015

©Tim Benton – FLC/ADAG, Paris 2015

©Manuel Bougot – Consorts Rebutato/ADAGP, Paris 2015

©Manuel Bougot

©Manuel Bougot – Consorts Rebutato/ADAGP, Paris 2015

©Manuel Bougot – Consorts Rebutato/ADAGP, Paris 2015

©Manuel Bougot
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