Située dans le 16ème arrondissement de Paris, à quelques pas du métro Jasmin, la rue Mallet-Stevens nous a ouvert quelques unes de ses portes. Avant d’en faire la visite privée, retour sur la carrière de l’architecte français.
Robert Mallet-Stevens (1886-1945)
Architecte, décorateur, concepteur de meubles et de boutiques, d’aménagements intérieurs et de décors de cinéma, Robert Mallet-Stevens, est l’un des principaux acteurs de la rénovation de l’architecture et des arts décoratifs en France. Auteur d’édifices majeurs, comme la villa Noailles à Hyères, la villa Cavrois à Croix ou les hôtels particuliers jalonnant la rue qui porte son nom à Paris, Robert Mallet-Stevens occupe une place aussi emblématique que singulière dans l’histoire de l’architecture moderne. En France, entre le début des années 1920 et le tournant des années 1930, la notoriété de l’architecte n’a d’égale que celle de Le Corbusier. A sa mort, en 1945, son œuvre tombe dans l’oubli jusqu’au milieu des années 1970, époque à partir de laquelle ses réalisations vont trouver un second souffle. Exemple en 2005, avec l’impressionnante rétrospective qui lui est consacrée par le Centre Pompidou ; comme une preuve de la variété de l’itinéraire et des projets de Mallet-Stevens, aujourd’hui considéré comme l’une des figures majeures de l’architecture française de l’entre-deux-guerres.
La rue Mallet-Stevens
Située dans le 16ème arrondissement de Paris, dans le quartier d’Auteuil, l’emprise de la rue Mallet-Stevens s’étend sur un terrain de 3 827 mètres carrés. La largeur de la parcelle (35,70 mètres du côté de la rue du Docteur-Blanche) a permis à l’architecte d’aménager une belle voie de 7 mètres de large, desservant les différents hôtels particuliers. Chronologiquement, Robert Mallet-Stevens a fait sortir de terre les hôtels Reifenberg, Allatini et Dreyfus, puis l’hôtel-atelier des frères Martel et, enfin, son propre hôtel particulier. Caractérisée par des volumes cubistes, cette impasse est structurée selon le mode des « villas » parisiennes.
Alors qu’elle est encore en chantier, l’architecte décrit les principes architecturaux de sa rue éponyme ainsi : « ces hôtels, ayant chacun un programme spécial, sont très différents les uns des autres, mais conçus dans un même esprit, afin de créer une unité. Si les programmes ne sont pas semblables, les exigences de chacun des habitants sont les mêmes : de l’air, de la lumière. [...] Et toutes ces terrasses à différents étages, disposées en gradins, sur une rue entière, procureront un ensemble de verdure s’harmonisant avec les lignes calmes de l’architecture ».*
Focus sur... l’hôtel particulier de Robert Mallet-Stevens
Occupant une position stratégique, à l’angle de la rue du Docteur-Blanche et de la nouvelle voie, l’hôtel particulier de l’architecte s’élève actuellement sur cinq niveaux et dispose de deux entrées : une première sur la rue du Docteur-Blanche, et une seconde situé à l’entrée du numéro 12 de la rue Mallet-Stevens, donnant accès aux bureaux et à l’atelier de l’architecte.
Au rez-de-chaussée, un hall de belle taille met en scène un grand escalier, orné d’une magnifique rampe en acier inoxydable poli. Imaginée par Jean Prouvé, cette réalisation très graphique reflète admirablement la lumière et apporte une jolie clarté à l’espace. Outre un élégant design, ce hall dessert les appartements, un garage, une loge de gardien et les locaux professionnels de l’architecte, situés à l’entrée du numéro 12 de la rue Mallet-Stevens.
Focus sur... l’hôtel-atelier des frères Martel
Situé au numéro 10 de la rue Mallet-Stevens, l’hôtel-atelier des jumeaux Jan et Joël Martel a été imaginé sur trois niveaux : sous-sol, rez-de-chaussée et mezzanine de l’atelier. Il est caractérisé par un jeu de volumes qui s’articulent autour d’un axe central : le spectaculaire escalier-belvédère conçu en spirale.
Cet étonnant escalier dessert trois appartements, aménagés au niveau de la mezzanine de l’atelier. A noter : les différentes hauteurs des volumes intérieurs semblent faire écho aux niveaux et demi-niveaux des étages supérieurs, une architecte singulière qui en fait une réalisation particulièrement remarquable.
*Robert Mallet-Stevens, « Une rue nouvelle à Paris », à l’invitation de J-E Blanche, Art et Industrie (n°3, mai 1926). Citation tirée de la monographie « Robert Mallet-Stevens Agir pour l’architecture moderne ».
Rue Mallet-Stevens
75016 Paris
Métro Ligne 9 : Ranelagh, Jasmin / Bus : 22, 52
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