La réglementation thermique RT 2012 est entrée en vigueur le 1er janvier 2013 pour tous les batiments.
Les objectifs de la RT 2012 pour les bâtiments neufs ont pour but but de faire évoluer significativement la qualité des bâtiments et de leurs équipements et de diminuer leur impact sur les gaz à effet de serre avec une exigence de consommation énergétique inférieure à 50 kWh/m².an en moyenne.
Qui plus est, ces exigences de consommation sont exprimées en énergie primaire afin de tenir compte des consommations énergétiques de l’ensemble du processus de production, de transport et de distribution d’énergie. Pour tous les postes fonctionnant à l'électricité,le coefficient multiplicateur de 2,58 est appliqué. Exit donc les ballons d'eau chaude électrique et autres convecteurs.
A titre d'exemple, pour une maison individuelle typique, l'équivalent de 500 à 600 litres de fioul devra suffire pour le chauffage et l'eau chaude.
Ce qui a changé par rapport au label BBC "bâtiment basse consommation"
Le caractère obligatoire
Par définition, le label BBC ne revêtait aucun caractère obligatoire, alors que la réglementation thermique sera applicable à la majorité des bâtiments neufs (sauf bâtiments de procédés industriels, agricoles, et dans les départements d'outre mer).
On peut ainsi espérer la suppression de l'effet client bobo . Les prix des équipements BBC étaient très chers car les fabriquants et distributeurs gonflaient éhontément leurs marges vis à vis de la clientèle aisée souhaitant du BBC. Avec la généralisation du niveau d'exigence, tous les types de clientèles seront obligées de passer à ce niveau de qualité et les prix baisseront.
Une exigence intrinsèque sur le bâti
A l'instar de ce qui est appliqué sur le label allemand Maison Passive, mais sans en atteindre le niveau qualitatif (qui, rappelons le, n'est pas forcément pertinent dans les 3/4 du territoire français), une nouvelle exigence de besoin bioclimatique maximum va s'appliquer et devra être présentée dès le permis de construire.
L'exigence du Passiv Haus concerne un besoin de chauffage maximal exprimé en kWh/m².an . Elle adresse donc le bâti (taille et orientation des surfaces vitrées, qualités d'isolation des parois opaques et vitrées ainsi que des liaisons [ponts thermiques], et également l'étanchéité à l'air et la qualité de la ventilation.
Le besoin bioclimatique Bbio tel qu'introduit par la RT 2012 ne s'exprime pas en unité physique mais en nombre de "points", car il prend en compte également les apports des vitrages pour l'éclairage naturel (et les besoins de climatisation en tertiaire). De même, le choix a été fait de ne pas inclure les équipements, donc le type et la qualité de la VMC ne sont pas pris en compte pour le Bbio.
Même si la qualité de l'orientation influe moins que le Bbio RT2012 que sur le besoin de chauffage du label germanique, force est de constater que cette nouvelle exigence intrinsèque sur le bâti est une première en France et représente une avancée décisive dans le monde du bâtiment. Sont pris en compte l’ensemble des paramètres environnementaux influant sur les besoins en énergie (accès à l’éclairage naturel, aux apports solaires, compacité, mitoyenneté, isolation au sens large, etc.).
L'utilisation de logiciels tels que Smart Builder et Comme Un Thermicien permettant de générer l'attestation Bbio pour le dépôt de demande du permis de construire montre que les exigences réelles du Bbio RT2012 sont de très bon niveau tout en gardant un rapport réalisation/prix raisonnable par rapport au label Maison Passive.
Pour un prix de construction bien plus élevé, ce label allemand n'apporte que des gains marginaux en énergie (chauffage) qu'il est au final bien plus efficace de gagner en covoiturant pour se rendre à son travail ou en investissant dans un vélo électrique. Comme Un Thermicien permet de comparer les deux labels.
L'ajout de coefficients correctifs (modulations) dans les calculs
Les professionnels et les particuliers qui se sont confrontés au label BBC avaient constaté qu'il devenait très difficile d'atteindre les exigences BBC pour les petits logements, typiquement pour les maisons individuelles de moins de 90 m².
En effet, les calculs des scénarios de consommation d'eau chaude étaient basés sur les statistiques INSEE de nombre d'occupants selon les surfaces des logements, mais à surface égale, les maisons sont moins densément peuplées que les appartements. Pour le label BBC, les maisons de petite tailles étaient défavorisées alors que celles de grande taille étaient favorisées, ce qui va à l'inverse du concept de sobriété.
selon la surface (ici pour une maison indivuduelle)

Outre la surface habitables, les autres modulations suivantes sont prises en compte :
- Le type de bâtiment (« catégorie CE1/CE2 »), autrement dit ayant le droit ou non d'être climatisés
- Les émissions de gaz à effet de serre des énergies utilisées
- La modulation sur la localisation géographique du bâtiment et l'altitude (idem RT 2005).
Le test d'étanchéité à l'air
En RT 2012, le test de non perméabilité à l’air (test de la porte soufflante) devient systématique par défaut. Et pour les intervenants du bâtiment qui ont une démarche de qualité de l’étanchéité à l’air du bâtiment, (en gros, les constructeurs réalisant un grand chiffre d'affaires), le contrôle ne sera pas forcément réalisé sur chaque bâtiment.
A noter que la valeur maximale de perméabilité à l'air est conservée (info pour les pros, il s'agit de Q4paSurf <= 0.6 m3/h.m2).
Autre dispositions nouvelles en RT 2012 par rapport au BBC/2005
- Surface minimum des baies portée à 1/6eme de la surface habitable (porte d’entrée incluse). Cette exigence part d'une bonne intention mais s'avère redondante avec le calcul du Bbio et s'avère parfois diffiicile à atteindre, surtout dans le cas de réhabilitation de bâtiments situés dans des zones denses (bâtiments mitoyens).
- Obligation de mettre dans le volume habitable un dispositif d'affichage des consommations (Chauffage, refroidissement, ECS, réseau de prises électriques et autres)
- Le « récapitulatif standardisé d’étude thermique » sera le même pour tous les logiciels et créé via un service web géré par le ministère (seuls les logiciels RT 2012 validés par le CSTB y auront accès).
- Limitation à 12 kWhep/m².an de la production locale d’électricité (photovoltaïque ou autre), comme pour le BBC Effinergie.
- En maison individuelle, sur la consommation exprimée en Coefficient d'énergie primaire, au moins 5 kWhep/m².an devront être obtenus via une source d'énergie renouvelable.
En outre, il y a obligation de recours à au moins un équipement très performant parmi ceux-ci :- Eau chaude sanitaire chauffe-eau solaire thermique ou avec chauffe-eau thermodynamique
- Raccordement à un réseau de chaleur alimenté à plus de 50% par une source d'énergie renouvelable ou récupérée
- Chauffage et/ou d’eau chaude sanitaire avec chaudière à micro-cogénération produisant de l'électricité en même temps que du chauffage
- La valeur moyenne de tous les ponts thermiques linéiques (somme des Psi multipliés par leur longueur et divisé par la longueur totale) devra être inférieure à 0,28. Pour les adeptes de Minergie et de la maison Passive, cette valeur va paraître très élevée mais rappelons que le mode de calcul des ponts thermiques diffère quand on prend les dimensions du bâtiment par l'intérieur, ce qui est de cas en France. Il y a bien une obligation de facto pour traiter les ponts thermiques.
Les types d'exigences suivants sont conservés par rapport au BBC et à la RT 2005 :
- Consommation d’énergie maximale exprimée en énergie primaire et rapportée au mètre carré (Cep < Cep max)
- Confort d’été sous la forme d'une température maximale (Tic < Tic max)
La consommation maximale en énergie primaire reste sur les cinq mêmes usages énergétiques : chauffage, climatisation, production d’eau chaude sanitaire, éclairage et auxiliaires ( ventilation, pompes…).
Les coefficients de conversion en énergie primaire sont inchangés et permettent de tenir compte des consommations énergétiques de l’ensemble du processus de production, de transport et de distribution d’énergie.
La RT 2012 implique un travail d’équipe intégrée entre différentes professions : architectes, thermiciens, entreprises. Il leur faudra changer en profondeur leurs méthodologies de travail et intégrer bâti et énergie dès la phase d'avant-projet.
Pour ce qui est des chiffres, atteindre les exigences de la RT 2012 implique, par rapport à la RT 2005 de diviser par quatre la consommation lorsqu'il s'agit d'électricité et par deux lorsqu'il s'agit de gaz ou de fioul.
La notion de « projet de référence » de la RT 2005 est supprimée et les consommations calculées sont exprimées en valeurs absolues.
L'exigence de besoin bioclimatique Bbio remplace le coefficient de déperditions thermiques « Ubat » et les garde-fous, devenus inutiles.
Ce qui aurait pu être amélioré
La RT 2012 est plus complexe que la RT 2005, ce qui va à l'encontre d'un but didactique.
Le logiciel Comme Un Thermicien vise à rendre l'accès à la RT2012 le plus facile possible, tant pour la saisie du bâti que des équipements
Le contrôle va se faire au niveau des documents supplémentaires demandés lors du dépôt du permis de construire, mais faute d'une formation systématique et de compétences en thermique, les services d'urbanisme ne seront pas armés pour faire les vérifications.
Toutes les consommations ne sont pas prises en compte. A titre d'exemple :
- Il sera toujours possible de construire une piscine de 5x10 à côté de sa maison. La consommation en énergie primaire de cette piscine sera simplement aussi grande que la consommation totale de la maison sur les usages réglementaires !
- De même, il a été fait le choix de ne pas prendre en compte les usages des appareils que l'on met dans la maison. Les internet-box et autres TV plasma et radiateurs mobiles pourront continuer à consommer en toute quiétude.
Les nouvelles modulations sur la surface et sur les gaz à effet de serre GES contribuent à la complexité et auraient pu être évitées. Dans l'ère d'après Fukushima, la modulation sur les GES n'est-elle pas une bidouille pour ne pas trop pénaliser l'électricité à 80% nucléaire ?
Le confort d'été est pris en compte par le calcul : la température la plus chaude atteinte dans les locaux, au cours d’une séquence de 5 jours d’été très chaud, ne doit pas excéder pas un certain seuil. Mais par manque de temps, le logiciel réglementaire n'a pas été significativement amélioré par rapport à la RT 2005, mais cela devrait être revu.
En conclusion
Malgrés certains côtés perfectibles, la RT 2012 apporte des révolutions bienvenues.
Le nouvel indicateur Bbio de la RT 2012 va en quelque sorte qualifier la performance durable du bâtiment et va officialiser le travail en équipe pluridisciplinaire des architectes, économistes et thermiciens !
Du côté des entreprises, la RT 2012 ne remet pas en cause les modes constructifs.
On sait réaliser des étanchéités à l'air pérennes en utilisant les matériaux des filières béton et terre cuite. Par contre les différents corps de métier devront se rencontrer et se concerter, notamments aux interfaces (planchers murs, murs menuiseries, murs plafonds, conduites) et prendre ensemble les bonnes dispositions.
L'isolation par l'extérieur est bien adaptée aux logements collectifs qui ont beaucoup de dalles de planchers. La brique à joints minces et le béton cellulaire sont bien adaptés pour la construction de maisons individuelles.
Pour les ponts thermiques, les industriels ont conçu des dispositifs de rupture au niveau des dalles, appuis de fenêtres et coffres de volets roulants. Seuls les balcons continueront à poser problème.
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"Le « récapitulatif standardisé d’étude thermique » sera le même pour tous les logiciels" --> c'est déjà la cas pour la RT2005, non ?
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