Une tendance encore expérimentale
Acheter un terrain à plusieurs pour y bâtir un habitat collectif ou plusieurs maisons séduit de plus en plus de Français, même si leur nombre est encore pour le moment symbolique, témoin d’une pratique encore marginale. Plus répandu en Allemagne, Suisse, Belgique ou Scandinavie, l’habitat participatif permet de mutualiser les moyens financiers, tout en étant entièrement propriétaire de son logement. « La maison individuelle est un modèle caduque », affirme l’architecte Claude Renier qui a construit un immeuble de 6 appartements chapeauté par une chambre d’amis à partager, à Evere, une commune de Bruxelles. Les occupants profitent aussi d’autres équipements collectifs, comme un jardin en permaculture, deux citernes de récupération des eaux de pluie, un potager sur le toit, une cave…Quant au chauffage collectif, il permet une régulation par appartement et unité séparée pour le confort personnalisé de chacun.

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Comment construire à plusieurs ?
Les difficultés pour mener à bien ce type de projet ont entraîné la création d’associations comme Habicoop ou Habitat groupé, habilitées à aider ceux qui le souhaitent dans les démarches inéluctablement complexes. Il est donc conseillé de les consulter avant de se lancer, car l’obtention d’un prêt pour l’acquisition d’un logement est souvent plus difficile pour un groupe, que pour un ménage, les banques étant peu habituées à ce type de demande. La conception des projets et le montage financier sont plus longs et compliqués que pour un seul acheteur. Il faut notamment prendre en compte les attentes de chacun et envisager le pire et les problèmes de séparation, divorce, départ…dissolution et rupture du groupe. Les cadres juridiques les plus simples restent, selon les cas, la copropriété, l’association d’auto-promoteurs ou autopromotion (organisation civile entre particuliers pour bâtir ou restructurer collectivement un bâtiment pour son propre compte) initié par un groupe issu d’une cooptation (recrutement de ses propres membres), l’indivision et la SCA (Société Civile d’Attribution) qui permet d’être copropriétaires avec des parties communes, et des parties privatives pour être libres ensembles. Ce dernier statut est très pratique pour les banquiers, car il permet d’attribuer à chacun des locaux et des espaces avec un nombre de parts proportionnelles à leur importance et d’individualiser ainsi la propriété de chacun. En pratique, on aboutit à une seule promesse de vente, mais autant d’actes d’acquéreurs. Après division de la parcelle, chacun est propriétaire de sa maison et peut la revendre. Le but est aussi de construire un logement sain et durable. Construit sur une trame commune avec des espaces personnalisés, l’habitat groupé, idéalement multi-générationnel, va de pair avec l’ossature bois, l’éco-construction et la maison passive qui permettent de tisser des liens sur le long terme et offrir une vraie évolution autant dans les projets urbains que dans les zones rurales.

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Pourquoi se tourner vers l’habitat groupé ?
Terrain trop cher, envie d’équipements spéciaux trop onéreux ou de plus espace, l’habitat participatif permet de s’offrir à plusieurs ce qu’on n’aurait pas pu avoir tout seul, comme une piscine, un jardin, un potager, une terrasse…des locaux supplémentaires, un atelier et même une baby-sitter. Il permet de réduire le coût de l’immobilier en divisant le prix par le nombre de participants, de partager les honoraires d’un architecte et d’économiser sur le coût de la construction. Outre l’aspect financier, on peut aussi évoquer l’aspect humain. Pour repenser le quotidien avec un désir de vivre autrement, ce type d’habitat permet de lutter contre l’individualisme, en renforçant les liens sociaux, favoriser l’entraide et lutter contre l’isolement. Rien à voir avec la vie en communauté en vogue dans les années 1970, mais plutôt une vie collective décidée et maîtrisée où le respect de l’intimité de chacun est préservé. On se rend des services, on échange des compétences et bons procédés, on pratique l’achat groupé auprès des producteurs locaux, on mutualise les gardes d’enfant. Bref, on peut compter sur ses voisins que l’on ne subit pas, parce qu’on les a vraiment choisis. Et lorsque les tâches sont divisées et les règles bien appliquées, le gain de temps est assuré. On peut aussi improviser des fêtes, repas et apéros et les enfants apprennent aussi à partager dès leur plus jeune âge. Pour sauter le pas, on se dirige souvent vers des amis avec qui on partage des valeurs communes. Mais comme dans un couple, il faut aussi avoir des différences pour s’enrichir de ce partage…accepter de faire des concessions et cultiver l’altruisme pour que ce projet de vie soit bien vécu. La réussite de cette aventure humaine est possible si les limites entre espace privé et public sont préalablement bien définies.
www.habicoop.fr
www.habitatgroupe.fr

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