Agnès Zamboni : Quels documents permettent d’attester du respect de la réglementation thermique, dans le cas des maisons neuves individuelles ?
Arnaud Sellé : « La réglementation thermique RT2012 prend en compte cinq usages distincts : le refroidissement, le chauffage, la production d’eau chaude sanitaire, l’éclairage et les auxiliaires (ventilateurs, pompes, etc…). Mais ce qui est nouveau par rapport à la RT2005, c’est que l’enveloppe du bâtiment doit atteindre une performance minimale. Pour ce qui est du dossier de demande du permis de construire, il faut donc fournir un premier document qui atteste que la solution constructive respecte un besoin d’énergie maximal, dit « besoin bioclimatique » (Bbio). Puis, à la fin des travaux, le récapitulatif standardisé d’étude thermique atteste que la maison avec ses équipements installés reste en deçà d’une consommation maximale (Cep). Il faut donc que dès le stade du devis, les architectes décrivent non seulement l’enveloppe du bâtiment, mais aussi les équipements, afin de s’assurer du respect de ces deux valeurs maximales. Le logiciel que j’ai créé, intitulé - Comme Un Thermicien-, a été spécialement conçu pour leur permettre de concevoir les projets des architectes et devis de maisons, sans avoir recours à un bureau d’études ».

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Agnès Zamboni : En 2015, que nous apporte l’expérience de la RT2012 ?
Arnaud Sellé : « Cette nouvelle réglementation donne déjà un bon niveau de performance en terme de basse consommation, mais la saisie reste trop complexe même si nous l’avons simplifiée au maximum dans le Logiciel Comme Un Thermicien. Pensez à toutes les erreurs de saisie faites dans les diagnostics DPE (Diagnostic de Performance Energétique) et pointées du doigt par l’UFC Que Choisir. La RT 2012 avec ses 1300 pages de formules mathématiques et ses très nombreuses saisies est bien plus complexe qu’un DPE. Assurément le maillon faible est l’opérateur de saisie qui doit produire les documents dans un temps et un coût imparti. De même, cette complexité nuit au caractère didactique de la réglementation, alors que certaines valeurs importantes comme l’exposition au vent ne sont pas prises en compte. Enfin, tous ces calculs sont fondés sur des scénarios prédéfinis règlementaires et théoriques, et de ce fait les consommations réelles sont très souvent supérieures aux résultats des calculs règlementaires RT2012 ».

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Agnès Zamboni : Que peut-on dire, dès à présent de la RT2020 ?
Arnaud Sellé : « La RT2020 est prévue pour être BEPOS. Cela signifie que les nouvelles constructions seront des Bâtiments à Energie POSitive avec une énergie générée supérieure à l’énergie consommée. Tout comme le BBC et la RT 2012 sont issus historiquement des travaux de l’association Effinergie, il est probable que la RT2020 puise son inspiration dans le label BEPOS-Effinergie : renforcement des exigences sur le Bbio et le Cep (Consommation exprimée en énergie primaire) et un bilan en énergie primaire non renouvelable qui devra être positif (énergie positive) ou inférieur à un écart maximal. Mais il faut s’attendre à du retard dans l’application de la RT2020, et sans doute à une réduction des objectifs : d’une part la réglementation sur les rénovations des bâtiments existants est toujours basée sur la RT2005 alors qu’elle aurait du être mise à jour il y a deux ans et d’autre part l’échéance pour les bâtiments collectifs de se conformer totalement aux exigences de la RT2012 a été prorogée par le Premier Ministre au 1er Janvier 2018. Cela ne va pas du tout dans le sens d’une préparation à la RT2020 ».

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Agnès Zamboni : La RT2012 est-elle garante de nouvelles économies d’énergie ?
Arnaud Sellé : « Elle a permis de diminuer de moitié les besoins de chauffage par rapport à la RT2005, mais c’est l’individu qui doit être sensibilisé à consommer moins d’énergie. En effet, les évolutions technologiques qui diminuent la consommation de nos équipements ne suffisent pas forcément à faire baisser la consommation globale à cause de l’effet rebond. Par exemple, la diminution de consommation unitaire d’un véhicule peut se traduire, sans effort accepté de sobriété (ou augmentation du prix de l’énergie), par une augmentation des parcours annuels de l’usager de cette voiture et annuler les conséquences a priori positives de ce progrès sur la consommation d’énergie ».
Renseignements :
Eosphère SARL
Arnaud Sellé
Mail : contact@eosphere.fr
www.eosphere.fr
www.commeunthermicien.fr

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