Votre approche sur les espaces publics ?
Olivier Chabaud : Un espace public est avant tout un imaginaire commun. Mon travail est de donner une matière palpable aux désirs du client en créant du lien. Pour le projet de restructuration totale du front de mer de Fort de France, les fondamentaux furent de puiser dans l’histoire de la ville, son organisation spatiale, géographique et historique afin de s’inscrire dans la continuité. L’intérêt étant de rendre l’identité du lieu et de son futur par un travail sur les trois dimensions.C’est l’approche que je m’efforce de mettre en préalable de tous mes projets comme dans la récente conception d’un spa pour un hôtel, et les thermes d’Evian.

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Comment rendre une image « direction » dans un bureau de direction?
OC: Le bureau de direction est avant tout l’image de l’entreprise, associée à l’identité du dirigeant. La concordance entre une image publique de ma société et l’image plus personnelle de l’homme. Le processus de conception consiste alors à accompagner le relationnel interne à l’entreprise, vis-à-vis de l’extérieur pas des signes discrets, sans jamais dévoiler l’individu. Il faut en raconter très peu pour que ce soit intéressant. Lorsque je conçois des bureaux de direction, je dessine l’ensemble du mobilier, en imaginant dès le démarrage du projet une création totale de l’espace pour lui donner une forte cohérence. Malgré l’aspect technologique fort dans les équipements intégrés et souvent dissimulés (lumières, climatisation, informatique, sécurité, écrans, bar…), j’utilise généralement des matériaux traditionnels comme le bois, la laque, le cuir, les textiles nobles…en les ponctuant d’éléments technologiques, comme des pièces métalliques usinées spécifiquement. La notion d’unité est très importante pour le dirigeant, souvent attentif au message véhiculé par l’image de son bureau.

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Vos matériaux fétiches ?
OC: Pour des raisons écologiques et pour leur variété de mise en œuvre, je ne me lasse pas de prescrire du bois et du métal sur mes chantiers. En effet, le bois peut être tour à tour classique ou ultra-contemporain. J’affectionne aussi le béton, car il peut se travailler à différentes échelles, de l’objet design jusqu’à la piscine en béton brut. J’ai notamment dessiné avec Laurent Lévêque une collection d’assises « Dentelle » en résille de béton haute performance de chez Lafarge, le Ductal, et éditée par « Compagnie Edition ». Par ailleurs, j’aime beaucoup ce que m’apporte mon activité de designer dans l’architecture : le verre, la céramique…

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Pourquoi faire appel à un architecte pour un particulier ?
OC: La première raison est, à mon avis, pour ne pas perdre d’argent, car l’architecte est responsable des délais, du budget. Son engagement réside à ce que le chantier se passe le mieux possible et ses honoraires sont absorbés par un bon déroulement du projet, jusqu’à sa livraison. La deuxième raison, et pas des moindres, est qu’il donne de la cohérence à l’ensemble, par sa formation, par un regard particulier appris lors de ses études. Dernier point : l’architecte travaille sur les volumes, et projette l’espace intérieur en découpant un mur, perçant une fenêtre…ce qui changera un espace fondamentalement.

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Comment traitez-vous l’habitat privé ?
OC: Le travail d’un architecte se conçoit pour durer, et appelle donc une certaine sobriété des matériaux employés. Personnellement, je suis fasciné par la lumière qui apporte en soi une palette infinie de teintes, de variations et d’intensités. Dans mes projets de constructions ou rénovations de maisons, j’essaie d’être très attentif aux volumes, aux perspectives et aux apports lumineux pour créer in fine une sensation de bien-être. La structure de base d’un lieu doit sembler évidente avant tout apport de décoration plus personnelle. A la revente, le nouvel occupant aura alors le même plaisir de l’espace, et c’est alors que la valeur ajoutée de l’intervention de l’architecte devient intéressante. Personnellement, j’apprécie la sobriété des matériaux, dont la mise en œuvre doit être contemporaine avec des lignes tendues. C’est pourquoi j’utilise fréquemment les essences de bois comme le chêne, le frêne ou le châtaigner, mais aussi le béton brut ou le blanc.

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Le design et l’édition de mobilier fait partie de votre travail?
OC: Actuellement, je mets la dernière touche à la création d’une ligne de mobilier haut de gamme, composée d’une vingtaine de modèles pour la première collection, en association avec un fabricant italien et un ébéniste français. Cette ligne de meubles, Médris, fait appel à beaucoup de bois, et un peu de métal. Je viens aussi de dessiner de nouveaux modèles pour Compagnie Edition, avec un garde-manger, une chambre d’enfants, une bibliothèque, une étagère…

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Un rêve professionnel et personnel?
OC: Etant très sensible aux qualités constructives et esthétiques de l’époque romane, j’aimerais dessiner une chapelle ou un lieu de culte, polysensoriel. Mais à titre personnel, je me plais à imaginer une jolie cabane au bord d’une mer chaude pour accueillir famille et amis de passage.

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