Auparavant, la rue Pierre Rebière n’était qu’une voie déserte, à l’abandon, entre la porte de Clichy et le lycée Honoré de Balzac. Située dans le 17ème arrondissement de Paris, cette rue est, aujourd’hui, au cœur d’un vaste projet de réhabilitation. Une véritable transformation des lieux permet la sortie de terre de nouveaux logements sociaux. Commandité par l’OPAC de la ville de Paris, dix architectes ont été mis à contribution pour faire oublier la mauvaise réputation de la rue, en lui donnant un nouveau visage. Suite aux démolitions de la tour Borel et d’une travée de la barre du même nom, un grand nombre de familles pourront y être relogées, très prochainement. Parmi les dix-neuf immeubles, le « M Building » présente une architecture atypique et originale.

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Conçu par Stéphane Maupin et Nicolas Hugo, le bâtiment comprend vingt logements sociaux, allant du simple studio au T5 de 120 m2. Comme son nom l’indique, il se présente sous la forme d’un M (M comme Maupin ?), grâce à la rencontre au cœur de l’édifice de deux plans inclinés. La façade extérieure présente un enduit uniformément blanc, hormis deux touches de couleurs orange, qui marquent les entrées du bâtiment. L’originalité se fait jour dans un espace vide, bordé par une cascade de terrasses suspendues, qui viennent apporter du rythme à la construction. Cette disposition permet d’ouvrir largement les appartements sur l’extérieur, en créant différents points de fuite. Ainsi, la superposition des terrasses rappelle une vue des toits parisiens avec son désordre et ses accidents. Pour accentuer cette impression, un parement en acier galvanisé permet de jouer sur la lumière du soleil, qui vient s’y refléter. A l’origine, le client souhaitait un toit végétalisé et drainant qui s’est transformé en un espace végétal partagé par le jeu des terrasses.

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Le « M Building » est un véritable concept à lui seul, offrant une nouvelle image des logements sociaux. Il s’agit d’éviter le cloisonnement et l’impression d’enfermement que peuvent renvoyer l’idée d’HLM. Pour donner de l’ouverture à l’espace, les deux architectes ont décidé d’évider le centre du bâtiment afin de lui donner cette forme de M. Chaque appartement possède sa propre terrasse privative, qui permet un accès direct vers l’extérieur. La dimension sociale est au cœur de la construction avec cet espace dédié à l’autre. La superposition des terrasses permet de créer un contact avec ses voisins, en offrant un espace partagé, qui donne lieu aux rapprochements. Un véritable village dans la ville prend forme grâce à cet espace central, qui ouvre sur le voisinage. A d’éventuelles critiques sur la promiscuité et le manque d’intimité, les architectes répondent qu’il est rare de trouver un appartement sur Paris avec trois orientations différentes.

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L’intérieur se partage en deux pôles : le pôle ouest, muni d’un ascenseur et le pôle est. Chaque appartement possède sa terrasse privative, véritable pièce supplémentaire à vivre. Les architectes ont joué avec les sur-dimensions pour donner du dynamisme à la structure, et notamment avec de grands pots, où des arbres pourront fleurir. Afin d’éviter les vues directes sur son voisin, ces pots ont été aménagés dans l’ensemble de la structure. Ils viennent apporter une touche végétale, qui rappelle les platanes qui entourent la construction. L’aspect végétal se retrouve avec le sol des parties communes et privatives extérieures, recouvertes de caillebotis, mais également avec les canisses, bordant les terrasses. L’espace intérieur des logements se rapproche davantage des standards d’HLM classiques, à cause d’un budget très limité. Cependant, l’espace est bien pensé puisqu’un cellier a même été aménagé dans chaque appartement, hormis les studios. Le chauffage fonctionne grâce à l’énergie CPCU, qui utilise une chaleur sous forme de vapeur. Les toits du bâtiment ont été recouverts de panneaux solaires, dont l’électricité sera revendue à ERDF.

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Si l’originalité du « M Building » est une évidence, il faut savoir que les architectes ont été contraints à suivre un cahier des charges très strict. Située derrière le cimetière des Batignolles, la façade nord du bâtiment est en contact direct avec celui-ci. Pour éviter la présence d’une façade aveugle, les appartements offrent des orientations multiples, ce qui permet d’obtenir la lumière naturelle du soleil en tout temps. Chaque appartement possède ainsi trois orientations différentes, presque un miracle dans un Paris qui devient de plus en plus confiné. Avec un coût de construction au mètre carré situé entre 1200 et 1400 € (hors foncier), le « M Building » est une véritable alternative aux constructions HLM en forme de tour que nous connaissons.
La superposition des terrasses et la valorisation de la communauté donne au « M Building » une dimension particulière, qui invite au rêve. Des favelas de Rio jusqu’au Roméo et Juliette de demain, tout semble possible dans la nouvelle rue Pierre Rebière.
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