Déjà présent à l’époque pharaonique sous forme de natron (un complexe naturel de carbonate et de bicarbonate de sodium), puis à l’époque romaine, le bicarbonate a aussi accompagné les pionniers américains dans leur conquête de l’Ouest. Puis il a été balayé par le modernisme et la publicité, qui nous ont entrainés collectivement vers des produits toujours plus complexes, toujours plus chers et malheureusement toujours plus impactants pour la santé et l’environnement.
Aujourd’hui, le bicarbonate est souvent un produit de synthèse, car il n’existe malheureusement que très exceptionnellement sous forme géologique naturelle (la nahcolite). Il est fabriqué en Europe par un procédé inventé par Ernest Solvay à la fin du XIXe siècle, à base de sel gemme et de craie (carbonate de calcium), deux minéraux naturels présents en quantité pléthorique dans le sous-sol. Aux Etats-Unis, il est fabriqué plus simplement à partir du trona, une combinaison naturelle de carbonate et de bicarbonate de sodium que nous n’avons malheureusement pas en Europe.

©DR
Au-delà des multiples astuces dont il peut faire l’objet, il est clair aujourd’hui que le bicarbonate peut contribuer au défi écologique dans quatre grands domaines :
- La gastronomie est le domaine historique du bicarbonate. Ce n’est pas pour rien que son « petit nom » commun est « baking soda » en anglais (littéralement « la soude qui cuit »), puisqu’il fait lever la pâte des panckakes, brownies et autre bagels américains. La fameuse levure « Alsa » n’est autre que du bicarbonate et une substance acide qui réagit avec lui pour dégager de petites bulles de CO². Il permet aussi de rendre les choux plus digestes, d’aérer les omelettes et de rendre les œufs en neige plus fermes, d’attendrir la viande, de neutraliser l’acidité d’une sauce tomate ou d’une confiture…

©DR
- Concernant l’agriculture, le bicarbonate est un formidable antifongique. Il a d’ailleurs été reconnu à ce titre « substance de base par l’Institut Technique de l’Agriculture Biologique (ITAB). Au jardin, il peut prévenir ou enrayer une attaque d’oïdium, de mildiou ou de tavelure. Il suffit pour cela de le diluer à 0,5 – 1 % (soit 5 à 10 g par litre) et éventuellement de l’additiver de savon noir à l’huile de grignons d’olive pour favoriser sa rémanence et lui adjoindre un effet répulsif contre les insectes.

©DR
- Pour l’entretien de la maison, ses propriétés détergentes et dégraissantes s’expriment sans dégagement de COV (composés organiques volatils), qui véhiculent si souvent les perturbateurs endocriniens. Une cuillère à soupe de bicarbonate (15 g) dans le tiroir de la machine à laver permet de diviser la dose de lessive par deux, notamment en neutralisant le calcaire. Le bicarbonate est aussi un puissant désodorisant : une centaine de grammes dans une coupelle neutralisera les odeurs dans le réfrigérateur ou dans tout autre lieu confiné. Saupoudré sur une éponge préalablement imbibée de vinaigre blanc, l’abrasivité « douce » de ses grains viendra à bout des taches et des salissures les plus tenaces sans rayer le support (plaques vitrocéramiques ou vitre du four ou de l’insert par exemple). Aux beaux jours, il permet de stabiliser le pH (potentiel Hydrogène) et le TAC de la piscine en limitant le recours à d’autres produits chimiques chers et parfois peu recommandables.

©DR
- Pour les soins corporels, les usages du bicarbonate sont tout aussi multiples. Il conviendra dans ce cas de n’utiliser que du bicarbonate de qualité alimentaire, alors que l’on peut aussi utiliser du bicarbonate dit « technique » dans les autres domaines. Saupoudré sur la brosse à dents, il rafraichit l’haleine et blanchit les dents sans les rayer (sa dureté étant très inférieure à celle de l’émail). Conjugué à l’huile d’olive, il peut être la base d’un peeling naturel. Enfin, quelques grains de bicarbonate extra-fin saupoudrés sur le bout des doigts et frottés doucement sous les aisselles neutralisent naturellement les odeurs de transpiration sans recours aux dérivés de l’aluminium suspectés d’être cancérigènes.
Ce petit aperçu du formidable potentiel du bicarbonate de sodium (appelé aussi bicarbonate de soude) peut être facilement complété par la lecture d’un des nombreux livres ou par la consultation d’un des tout aussi nombreux blogs et forums sur le sujet. Bien que certains conseils et informations soient parfois un peu fantaisistes et non validées, elles ne sont heureusement presque jamais dangereuses, car le bicarbonate est un produit dont l’incidence toxicologique et éco-toxicologique est connue et maîtrisée de longue date. Mais dans ce domaine comme dans tant d’autres, autant se référer aux sources fiables !
Nicolas Palangié est l’auteur de « Bicarbonate : un concentré d’astuces » aux Editions Eyrolles. Il est aussi le fondateur de la Compagnie du Bicarbonate (www.compagnie-bicarbonate.com) et du premier blog en langue française sur le bicarbonate, www.monbicarbonate.fr
Ajouter un commentaire