Ecrit par Katie Greenwood, une spécialiste de l’iconographie, le livre « 100 ans de couleur art, graphisme, design, un siècle d’inspiration » comprend les besoins des illustrateurs et des graphistes. En effet, ce livre propose une centaine d’œuvres, toutes remarquables ; cela passe par leur utilisation de la couleur, mais aussi par l’année de leur élaboration, véritable empreinte de leur époque.
Le livre présente une composition simple : 100 palettes et affiches qui retracent l’évolution des courants en matière de couleurs et de tendances au cours du XXème siècle ; ces palettes sont accompagnées des références RVB pour pouvoir reproduire l’ensemble des couleurs à l’identique. On retrouve également à la fin du livre les références CMJN. Pour compléter les palettes et affiches, une page de présentation de chaque décennie nous éclaire sur le contexte de l’époque, les évolutions et les éléments significatifs de chaque décennie, et bien évidemment les couleurs dominantes de ces périodes.

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Les codes couleurs RVB et CMJN késako ?
Pour les non-initiés, une petite mise au point s’impose : les codes RVB et le CMJN sont des procédés d’imprimerie permettant de reproduire un large spectre colorimétrique à partir de couleurs de base.
En premier lieu, le code couleur RVB signifie Rouge, Vert, Bleu ; il s’agit du plus simple des systèmes de codage informatique des couleurs.
Le code couleur RVB se présente sous la forme de 3 couples de codes chiffrés compris entre 0 et 255. Chaque couple représente le dosage nécessaire de chacune des couleurs de base pour obtenir la couleur désirée. Les trois codes représentent respectivement le dosage du rouge, du vert et du bleu.
Maintenant, intéressons-nous à la quadrichromie ou CMJN (cyan, magenta, jaune, noir) qui est donc un procédé d'imprimerie permettant de reproduire un large spectre colorimétrique, à partir des trois teintes primaires auxquelles on ajoute le noir.
Le code couleur CMJN, utilisé en imprimerie, permet de choisir une couleur en fonction du rendu donné pour l’impression. Le code couleur CMJN se présente sous la forme de 4 codes, représentant chacun le pourcentage de la couleur utilisée. Les couleurs primaires de la synthèse soustractive sont : le cyan (bleu), le magenta (rouge) et le jaune. Une quatrième cartouche est ajoutée pour obtenir une encre noire parfaite. Finalement, les quatre codes représentent respectivement les dosages du cyan, du magenta, du jaune et du noir.

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Focus sur années 1900 et 1970 :
Les années 1900 se traduisent par un travail d’affichiste coloré, où la femme est représentée de manière fantasmée avec une silhouette en « S », et un corset pour mettre en valeur des formes généreuses. La coiffure à la mode est le chignon haut, et les couleurs pastel habillent les dernières tendances du début du siècle. Chez Chéret, les modèles féminins sont joyeux et promeuvent les derniers spectacles ou produits à la mode. On retrouve également des inspirations des gravures japonaises ukiyo-e avec des lignes fluides, des tons organiques, une palette restreinte et des aplats de couleurs.
Au début du siècle, les couleurs viennent encore principalement de la nature mais pas toutes : l’affichiste d’origine italienne Leonardo Cappiello, imagine de nouvelles couleurs, et étonne avec son utilisation novatrice des formes et des coloris avec notamment un cheval rouge pour sa réclame du chocolat Klaus.
On retrouve également dans les années 1900 le style de l’artiste tchèque Mucha, inspiré de la nature, la faune et la flore, inspiration représentée par des formes ondoyantes, des motifs complexes et des tons rabattus qui ornent les illustrations, tissus et mobiliers.

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Quant aux années 1970, elles voient un style tout à fait différent : le style psychédélique tourbillonnant de la fin des années 60 est encore en partie présent au début de la décennie. Cet élan est remis en question avec le premier choc pétrolier suivi d’une crise énergétique, qui entraîne une prise de conscience environnementale et met fin au mythe de la croissance sans limites. La naissance d’une conscience verte émerge à cette période et se retranscrit au travers des affiches avec l’usage de couleurs plutôt naturelles : tons boisés, bruns terreux, vert avocat et jaune moisson.
Durant cette décennie émerge un nouveau genre : le disco influencé par la sortie du film en 1977, La Fièvre du samedi soir. Les couleurs présentes sur les affiches sont atténuées, comme vues à travers la brume générée sur scène par les machines à fumée, et des couleurs nacrées et métallisées qui brillent sous les projecteurs des discothèques. Au même moment, un autre mouvement se présente comme l’exacte antithèse du disco : le punk. La sortie de l’album Never Mind the Bollocks, Here’s the Sex Pistol incarne cet esprit du politiquement subversif, traduit par la couleur dominante noire mise en lumière par des touches de teintes fluo. L’esthétique générale de cette affiche attire une inspiration brute et bricolée façon Do-It-Yourself à base de découpages et de collages, visible dans l’habillement.

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Pour en savoir plus sur les inspirations graphiques de chaque décennie, et retrouver les compositions de ces couleurs emblématiques, le livre 100 ans de couleur art, graphisme, design, un siècle d’inspiration de Katie Greenwood vous donnera les clés pour comprendre le monde de la couleur décennie après décennie. A lire aux éditions Eyrolles pour 16,90 €.

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