Qui est Robert Mathieu ?
« Ancien élève de l’Ecole Boulle, il s’est spécialisé dans le tournage sur bronze. Comme le célèbre Serge Mouille, il réalisait lui-même ses propres pièces, souvent sur commande. Après avoir travaillé chez Citroën, il a fabriqué des accessoires de mode, comme des boucles de ceinture, puis s’est lancé dans la création de pendulettes et de luminaires en bronze doré, des objets encore en vogue après guerre. Mais il était jeune et voulait réaliser des objets modernes qui collaient à son temps. Il a été le premier sous-traitant des luminaires de Michel Buffet (lampadaire modèle B 211 et lampe de table B 201) », raconte le galériste Pascal Cuisinier qui finalise justement un ouvrage sur Robert Mathieu : ce livre de 250 pages, à la fois monographie et catalogue raisonné, sera publié en auto-édition au printemps 2022. Il synthétise 30 ans de travail et recherche, avec notamment le concours du fils de Robert Mathieu, toujours vivant.
Une production d’avant-garde
Les luminaires de Robert Mathieu - personnage singulier qui entre enfin, grâce à cette exposition et le livre prochain, dans la cour des grands aux côtés de Pierre Guariche - ont toujours été à la pointe de la recherche, autant au niveau technique que des matériaux, notamment en utilisant le plexiglas avant d’autres créateurs de l’époque. Il n’était pas insensible aux influences scandinaves et italiennes des années 1950/60, mais fabriquait des modèles de qualité, avec l’idée de mettre en place une gamme et des déclinaisons de formes. Avec les décorateurs, qui furent longtemps ses principaux, voire seuls clients, ou les gens du faubourg Saint-Antoine, il entretenait un réseau et de très bons contacts. « Même s’il n’est pas un inventeur comme d’autres designers, à la même époque, le mixage de ses sources d’inspiration lui a permis de créer une œuvre très personnelle à la façon d’un Pierre Paulin », explique Pascal Cuisinier. Et sa marque de fabrique reste l’usage de l’asymétrie, du porte-à-faux avec des systèmes de lest et contrepoids qui n’appartiennent qu’à lui. Précurseur du minimalisme, de la modularité avec des modèles multifonctionnels, à la fois très simples et sophistiqués, toujours élégants, comme le lampadaire 361 – une pièce conçue comme un « pique-fleurs », avec une base perforée pour changer la place de ses trois tiges lumineuses -, il était partisan du low-tech, avec des systèmes toujours efficaces. L’exposition de Pascal Cuisinier fait ainsi remarquer « l’intelligence pure de sa technique » qui adapte l’idée d’un étau de maçon pour réaliser un lampe pince autobloquante… dessine des piètement graphiques … a utilisé des rotules dont la plupart fonctionne toujours après 60 ans…
Une collection unique
A ce jour, 230 modèles de luminaires ont été identifiés, mais la plupart ont été repérés seulement en pièce unique et parfois deux exemplaires par le spécialiste Pascal Cuisinier qui les collectionne depuis 30 ans : « Lorsque j’avais une vingtaine d’années, jeune étudiant en architecture, j’avais acheté en brocante, pour 10 francs, un plafonnier à 3 lampes en teck. Il est resté longtemps dans mes toilettes et j’ignorais parfaitement qu’il était signé Robert Mathieu ».
Galerie Pascal Cuisinier
13, rue de Seine
75006 Paris
Tél. : 01 43 54 24 61
www.galeriepascalcuisinier.com
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