Une décoration inspirée par l’œuvre de Sonia Delaunay

Couleurs et formes virevoltent dans l’œuvre de l’artiste Sonia Delaunay, dont la puissance d’expression ne pouvait qu’inspirer l’architecture intérieure. Derrière l’anarchie apparente de l’abstraction, elle élabore un langage géométrique des couleurs.

Durant sa carrière, Sonia Delaunay s’est intéressée à l’univers de la maison, comme nous le prouve cette assiette en porcelaine de Limoges de Cornershop Design. Sur un fond blanc se détache un motif aux couleurs vert, rouge et noir sous la forme d’une « Eclipse ».

Une œuvre protéiforme au style immuable

D’origine ukrainienne, Sonia Delaunay voit le jour en 1885 à Gradzihsk. Après deux ans d’études aux beaux-arts de Karlsruhe en Allemagne, elle entre à l’Académie de la Palette de Paris. Approchant le milieu fauviste, elle se lance dans cette veine, avec pour objectif de dépasser leur recherche, dont elle conservera toute sa carrière durant l’utilisation de couleurs intenses. Dans une sorte de débauche chaotique, la couleur fait figure de fougue, prenant forme peu à peu dans une composition ordonnée. Sa première approche du textile reste confinée au cadre rigide de la peinture, à travers des tapisseries-broderies. Ce n’est qu’à partir de 1911 que Sonia Delaunay réalise ses premières œuvres abstraites, inspirées par une couverture patchwork de tradition ukrainienne. A la place des aplats de peinture, elle utilise des morceaux de tissus comme figuration de la couleur. Qualifié d’« orphisme » par Apollinaire, son style crée du mouvement par la seule force des couleurs, disposées pour former des contrastes frappants.

Comme un clin d’œil à son travail dans le textile, Pochoir de France vous inviter à recréer un intérieur façon Sonia Delaunay, où ses motifs colorés prennent vie sur des coussins, nappes et autres
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Comme un clin d’œil à son travail dans le textile, Pochoir de France vous inviter à recréer un intérieur façon Sonia Delaunay, où ses motifs colorés prennent vie sur des coussins, nappes et autres
©www.pochoir-de-france.com

Ne se limitant plus à la peinture, Sonia Delaunay met en pratique sa créativité dans plusieurs domaines, notamment le décor de théâtre et le costume où elle applique le résultat de ses recherches artistiques. En 1923, elle réalise une cinquantaine de dessins, destinés à servir de motifs pour des robes, où les couleurs répondent à de pures formes géométriques. Avec le développement de la publicité et des néons pour illuminer les affiches, elle découvre une nouvelle source d’expression à travers la lumière. Quelque soit le support, l’artiste utilise la couleur comme un compositeur se sert des notes de musique, pour former une composition harmonique. Ainsi, l’intégralité de ses œuvres répond à un même thème, joué sur le principe de la variation. Influencée par le mouvement cubiste, elle se fait l’écho d’une théorie du XIXème siècle sur la couleur, dont la perception se modifierait selon la nuance placée à ses côtés. Forte de son succès, elle est la première femme à être exposée au Louvre de son vivant.

Imaginé par la designer Cécile Mairet pour Cigil, cette méridienne s’orne d’un carré rouge, qui modifie la perception du volume du meuble. En tissu brun et rouge, le design épuré de sa structure ne fait pas fi d’un confort d’exception.
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Imaginé par la designer Cécile Mairet pour Cigil, cette méridienne s’orne d’un carré rouge, qui modifie la perception du volume du meuble. En tissu brun et rouge, le design épuré de sa structure ne fait pas fi d’un confort d’exception.
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Une envolée de couleurs géométriques pour la décoration

Préoccupation principale de l’artiste, Sonia Delaunay est considérée comme la personne ayant fait descendre la couleur dans la rue, grâce à son travail dans les milieux de la mode, de la publicité et de l’automobile. En fait, elle cherchait à travers les formes de la vie quotidienne, à infiltrer l’art moderne dans les consciences populaires, pour aller au-delà de la peinture traditionnelle. Cette théorisation de la palette graphique trouve son écho dans l’architecture d’intérieur, qui n’hésite pas à reproduire ses compositions harmoniques. De ce fait, les murs, les sols et les plafonds s’ornent sans complexe d’assemblages géométriques, où le cercle se fait prédominant. Son travail dans l’univers du textile s’exprime à travers de nombreux tapis, qui sauront habiller les intérieurs des années 30 et 40 uniformément blancs, dans une expression pop avant l’heure. Comme l’œuvre de Sonia Delaunay est particulièrement expressive, elle s’intègrera mieux dans les lieux peu marqués. Si votre décoration est déjà puissamment colorée, ce type de motif demande une certaine maîtrise, en sélectionnant des tonalités déjà présentes.

Inspirées par l’œuvre de Sonia Delaunay, Anna Murray et Grace Winteringham  s’associent pour créer le studio Patternity, où leurs meubles privilégient l’impression de motif sur la forme à l’image de cette table d’appoint.
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Inspirées par l’œuvre de Sonia Delaunay, Anna Murray et Grace Winteringham s’associent pour créer le studio Patternity, où leurs meubles privilégient l’impression de motif sur la forme à l’image de cette table d’appoint.
©DR

Alors que le chaos semble régner, il s’agit au contraire d’un ordre rigoureusement entretenu, pris au piège dans un cadre fixe. S’éloignant de l’abstraction, les nuances se suffisent à elles-mêmes, pour donner une impression de fulgurance dans le mouvement. Cette énergie du rythme se répercute dans l’ensemble de la décoration, pour dynamiser une pièce. Le tour de force de l’artiste réside dans cette faculté à créer de puissants contrastes entre les couleurs, tout en conservant une impression d’harmonie. Loin d’une esthétique épurée, les compositions de Sonia Delaunay n’en restent pas moins résolument modernes. Rayures, spirales et zigzags se croisent et se mêlent dans une discipline stricte, à l’image du constructivisme. Même les couleurs connaissent une certaine limite, puisqu’elles ne dépassent jamais le nombre de six dans un même motif. Décorer son intérieur à l’image de sa créativité revient à faire entrer l’idée d’un rythme calqué sur celui d’une ville électrifiée et moderne.

Qui a dit qu’un tapis ne pouvait se présenter sous un autre forme que le cercle ou le carré ? Ce n’est pas Un amour de tapis avec le « Fragment rose » de Brink & Campman qui s’amuse avec la géométrie comme une œuvre de Sonia Delaunay.
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Qui a dit qu’un tapis ne pouvait se présenter sous un autre forme que le cercle ou le carré ? Ce n’est pas Un amour de tapis avec le « Fragment rose » de Brink & Campman qui s’amuse avec la géométrie comme une œuvre de Sonia Delaunay.
©DR

Laissant libre cours à son imagination débridée, Sonia Delaunay invite à voir la décoration par le prisme de son expérimentation. Avec spontanéité, il s’agit d’aller au-delà d’une image figée de l’architecture d’intérieur, où l’éclat de la couleur incarne une puissance maîtrisée par la géométrie.

www.allt.fr
www.cornershop-design.com
www.becquet.fr
www.cigil.fr
www.pochoir-de-france.com
www.lesambassadrices.com
www.edwinka.com
www.laptopper.fr
www.unamourdetapis.com
www.mahatsara.com
www.remember.de
www.patternity.co.uk

Le fauteuil « Arlequin » d’Edwinka est habillé par Baumann et Kieffer, à l’image d’un vêtement haute couture. L’agencement des formes fait écho au travail géométrique de Sonia Delaunay, dans des tonalités de couleurs élégantes.
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Le fauteuil « Arlequin » d’Edwinka est habillé par Baumann et Kieffer, à l’image d’un vêtement haute couture. L’agencement des formes fait écho au travail géométrique de Sonia Delaunay, dans des tonalités de couleurs élégantes.
©DR

Article publié le 10 septembre 2012

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