Le Déan-Prieur s’expose chez Maison M

Reliant la splendide place du Palais-Bourbon à la rue de Varenne, la rue de Bourgogne se réveille et accueille depuis un an déjà Maison M, un concept store très personnel imaginé par Caroline Tossan-Covillard. Le nouvel éditeur français Le Déan-Prieur, axé sur un slow design de fabrication française a choisi de se lancer chez Maison M. Trois questions à Christelle Le Déan, designer et cofondatrice de la marque.

Intemporelle et toujours actuelle, la chaise Quaker en hêtre laqué corail et paille naturelle édition Le Déan-Prieur fabriquée par La Chaiserie Landaise, 378 euros. Réinterprétation de la table de métier traditionnelle avec une écriture actuelle et un élégant plateau en marbre Striato Olympico, édition Le Déan Prieur, réalisé par Labarère dans le Béarn, 190 x 80 cm.

Quel est le concept de cette nouvelle maison d’édition qu’est Le Déan-Prieur ?

Christelle Le Déan : En France, on regorge de savoir-faire patrimoniaux que l’on pourrait presque qualifier de « French Etnique ». Durant des années, les Français ont été attirés par des objets venus d’ailleurs et chargés d’exotisme, alors qu’émanent de nos régions françaises, des meubles et objets emprunts d’une force incroyable, mais avec un particularisme plus local. Le propos de Le Déan-Prieur est de faire rejaillir ce qui est singulier dans les régions françaises, comme la Bretagne, le Pays Basque, le Béarn, le Pays Landais… Nos collections sont fières de nos racines et savoir-faire ancestraux, quoique notre démarche puisse aussi dépasser les frontières hexagonales, car il s’agit avant tout d’un « Made in Régions » avant d’être un « Made in France ».  On sollicite des histoires de toujours, comme celle de Merlin l’Enchanteur en lien avec la forêt de Brocéliande, présentes dans nos mémoires collectives pour révéler de belles histoires. Notre dessein est de promouvoir la marque de fabrique comme signature tel un label, a contrario des éditeurs contemporains mettant sur le devant de la scène les designers. Ce qui nous attire, ce sont par exemple un bel assemblage de bois réalisé par un ébéniste chevronné, marque de fabrique d’un chaisier des Landes, ou la beauté d’un motif brodé dessiné au point Cornely, spécificité d’un brodeur de Pont l’Abbé dans le Finistère sud.

Un coussin brodé par Le Minor est un souvenir de vacances en Bretagne, l’émotion retrouvée d’un caban par jour de pluie, l’élégance des broderies d’une des dernières bigoudènes.
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Un coussin brodé par Le Minor est un souvenir de vacances en Bretagne, l’émotion retrouvée d’un caban par jour de pluie, l’élégance des broderies d’une des dernières bigoudènes.
©Le Déan Prieur

Vos propositions vont-elles se limiter au mobilier et au textile ?

Christelle Le Déan : Actuellement, chaque meuble provient d’un atelier différent, et pour chacun le savoir-faire patrimonial a été valorisé. A titre d’exemple, le lit à baldaquin Etxe est fabriqué par une Scope du Pays Basque, un regroupement d’ébénistes talentueux nommé Gurea. Réalisé en noyer français massif, tourné et cintré, le caisson du lit est façonné avec de longues planches assemblées en effet miroir ; la tête de lit est réalisée en cuir d’Espelette, un splendide cuir gras végétal non rectifié, cuir utilisé à l’identique pour la fabrication du banc de lit imaginé dans la même écriture. Dans le cas du lit Etxe, on peut parler de slow design, car tous les matériaux et ateliers de fabrication sont situés à 50 kilomètres à la ronde.

Même si le fil conducteur de Le Déan-Prieur est de demeurer dans l’univers décoratif, il nous parait essentiel d’avoir une narration dans nos produits, à l’instar des coussins et courtepointe An Avel en drap de laine de caban marin, inspiré par les kabigs, fameux vêtements de pêcheurs bretons. Les broderies multicolores évoquent un tartan revisité dans un esprit gaélique, à mi-chemin entre Bretagne et Grande-Bretagne, une inspiration celtique dans le sens large du thème. En breton ancien, An Avel signifie Vent Marin, et cette évocation est retranscrite par les broderies guidées manuellement avec les vibrations décelées de la main de la brodeuse.

La grande table de salle à manger s’avère, quant à elle, fabriquée chez Labarère, autre entreprise patrimoniale spécialisée dans la reproduction de meubles historiques ; cette table est une réinterprétation d’une table de métier française avec un plateau en marbre très graphique aux lignes presque parallèles, quoiqu’irrégulières, le Striato Olympico.

Indépendante ou pouvant entourer la table, la chaise Quaker avec son assise en paille naturelle et fabriquée par La Chaiserie Landaise, est une réminiscence d’un modèle de chaise paysanne de tendance nordique, que l’on propose dans trois colorations laquées (rouge sanguine, jaune citron et blanc) et une tonalité noire teintée.

Légèreté contemporaine pour le grand lit à baldaquin et le banc de lit Exte, en noyer français et cuir pleine fleur aniline, édition Le Déan-Prieur, fabriqué par Gurea, artisan ébéniste au Pays-Basque.
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Légèreté contemporaine pour le grand lit à baldaquin et le banc de lit Exte, en noyer français et cuir pleine fleur aniline, édition Le Déan-Prieur, fabriqué par Gurea, artisan ébéniste au Pays-Basque.
©Le Déan Prieur

Avez-vous des projets de nouveaux modèles et déclinaisons?

Christelle Le Déan : En effet, jusqu’à présent nous avons choisi de dévoiler une collection globale de textile et de mobilier, mais notre envie est d’y associer demain de la céramique, du cristal… Nous avons déjà identifié d’autres savoir-faire de régions françaises qui donneront vie à de nouveaux objets.

Enfin, nous avons pensé, Stéphane Prieur et moi, que les lignes de textiles et mobiliers Le Déan-Prieur trouveraient naturellement une belle place chez Maison M, car il s’agit de l’histoire d’une rencontre avec Caroline Tossan-Covillard qui s’attache à défendre de jeunes maisons d’éditions françaises en les mélangeant avec beaucoup d’esprit avec d’autres meubles, luminaires et accessoires déco qu’elle sélectionne avec un œil pointu. Un univers propre.

www.ledeanprieur.com
www.maisonmparis.com

Le duo Le Déan-Prieur met en exergue la beauté du geste des artisans pour concevoir des objets de belle facture ; des meubles, objets et textiles brodés qui conjuguent esprit de transmission et modernité.
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Le duo Le Déan-Prieur met en exergue la beauté du geste des artisans pour concevoir des objets de belle facture ; des meubles, objets et textiles brodés qui conjuguent esprit de transmission et modernité.
©Le Déan Prieur

Coussin de lit An Avel, en drap de laine marine brodé à la machine Cornely, guidée à la main, Edition Le Déan-Prieur, réalisé par Le Minor à Pont l’Abbé, 70 x 45 cm, 287 euros.
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Coussin de lit An Avel, en drap de laine marine brodé à la machine Cornely, guidée à la main, Edition Le Déan-Prieur, réalisé par Le Minor à Pont l’Abbé, 70 x 45 cm, 287 euros.
©Le Déan Prieur

Chaises de toutes époques et fauteuils paillés à la Chaiserie Landaise, réminiscences de jours heureux au Pays Basque, et dont on découvre les assemblages savants.
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Chaises de toutes époques et fauteuils paillés à la Chaiserie Landaise, réminiscences de jours heureux au Pays Basque, et dont on découvre les assemblages savants.
©Le Déan Prieur

Les trois mots clés de la nouvelle maison d’édition Le Déan-Prieur : le geste en lien avec le savoir-faire, le territoire associé aux régions et les mythologies pour raconter des histoires d’art populaire avec une écriture d’aujourd’hui.
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Les trois mots clés de la nouvelle maison d’édition Le Déan-Prieur : le geste en lien avec le savoir-faire, le territoire associé aux régions et les mythologies pour raconter des histoires d’art populaire avec une écriture d’aujourd’hui.
©Le Déan Prieur

Christelle Le Déan et Stéphane Prieur cherchent à valoriser l’image de fabriques artisanales françaises, en leur offrant une nouvelle lisibilité avec les codes d’aujourd’hui, et font le pari de réinventer leur patrimoine dans une écriture très contemporaine.
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Christelle Le Déan et Stéphane Prieur cherchent à valoriser l’image de fabriques artisanales françaises, en leur offrant une nouvelle lisibilité avec les codes d’aujourd’hui, et font le pari de réinventer leur patrimoine dans une écriture très contemporaine.
©Le Déan Prieur

Article publié le 11 mars 2015

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