Commençons par un petit voyage dans le passé. En 1917, en pleine 1ère guerre mondiale, la Russie vit la fin des privilèges datant du temps du Tsar Nicolas II. Les Romanov vont disparaître avec la révolution bolchevique. Pour l’aristocratie et la grande bourgeoisie russe, la seule solution est de s’enfuir, pour échapper aux troupes communistes appelées les Rouges. La majorité va émigrer vers l’Europe et les Etats-Unis emportant avec eux, un goût du luxe extrême, sans limite. En France, les Russes Blancs (soutiens de la famille impériale) vont majoritairement s’installer dans des villes qu’ils connaissaient bien, pour y avoir passé d’agréables séjours, comme Nice, Biarritz, sans oublier Paris. La fête est permanente avec l’éclosion des fameuses « Années Folles ». Les magnums de grandes cuvées de champagne coulaient à flot dans les grands dîners et les réceptions plus folles les unes que les autres. Les exilés russes y construisaient des hôtels particuliers aux tailles et aux ornements exceptionnels. Une période festive qui s’adapte parfaitement aux mœurs fêtardes des Slaves.
En 1925, voit la création à Paris, de l'Union de la Noblesse Russe (UNR), une association regroupant les aristocrates ayant émigrés à la suite de la Révolution rouge de 1917. Le comte D. S. Cheremeteff en est le premier président ; parmi ses successeurs, on compte le Prince Serge Obolensky, famille qui a également œuvré pour la sauvegarde de l’église orthodoxe de Biarritz et des icones. Pendant cela, la fête, pour une partie de l’élite russe qui est arrivée en France, bat son plein, pour s’achever avec le crack de Wall Street de 1929. New York, où plusieurs Princes vont devenir chauffeurs des taxis jaunes.

©Romain Ricard
Laleh Amir Assefi : portrait d’une architecte DPLG et architecte d’intérieur au parcours hors du commun dont l’aïeul fut gouverneur de Géorgie. Née à Los Angeles, sa famille retourne en Iran. Laleh y apprend le français à l’école française Jeanne d’Arc de Téhéran. La magie de la langue de Molière opère, et c’est par amour de notre culture, qu’elle s’installe à Paris pour entamer avec succès des études d’architecte DPLG. Hyper douée, elle est la première femme à finir son cursus major de sa promotion dans les équipements culturels, l’urbanisme et les espaces publics. Sans oublier un passage par la Sorbonne. Retour en Iran ; ses origines perses, la poussent à s’installer à nouveau à Téhéran, où elle va occuper le poste de conseillère auprès du ministère de la culture et auprès de la mairie de la capitale iranienne. Malheureusement son espace d’expression est trop limité à son goût. Retour à Paris ou elle va œuvrer de nombreuses années dans le sillage du célèbre décorateur Jacques Garcia. C’est à ses côtés qu’elle a participé à l’aménagement d’hôtels dont la Mamounia à Marrakech, le boutique hôtel « Le NoMad » de New York, qui offre dans cet hôtel central et moderne de Chelsea des chambres et des suites avec terrasses aux des vues spectaculaires ! Broadway et Times Square sont à quelques minutes à pied. Ou encore L’hôtel Oscar de Londres Un nouveau boutique-hôtel somptueux au cœur du quartier de Holborn. L'Oscar est une merveille architecturale début de siècle restaurée avec faste.

©Romain Ricard
Après la présentation du chef d’orchestre est faite, revenons à « Maison Russe ». L’immeuble qui s’élève sur 4 étages avec un dédale qui commence par un bar « les Poupées Russes » suivis de ses salons et de son restaurant, des pièces plus cosy les unes que les autres aux riches décors et aux couleurs chaudes ; au premier étage, trois salles aux ambiances adaptées pour un repas en toute intimité, en tête à tête ou plus mondain. Montons découvrir deux salons privatifs, studieux ou festifs, suivant l’heure et l’humeur du moment. Au sommet de l’immeuble, comme dans un donjon, un espace qui ressemble à un lieu de vie qui ne demande qu’à retrouver les folles nuits des fêtes slaves.
Des touches de couleurs fortes rappellent les pierres précieuses comme l’œil du tigre, l’ambre, la topaze, le saphir, l’émeraude ou la malachite, pierre semi-précieuse, très appréciée en Russie. C’est grâce à ces pierres acquises durant de nombreuses années, que les exilés ont pu sortir de Russie. Un assortiment magique qui rappelle ceux de l’Hermitage, le Palais d’Hiver de la famille impériale à Saint-Pétersbourg.

©DR
Entrons dans l’établissement où le tissu est roi. Partout, il y a des rideaux avec des drapés aux grandes ampleurs réalisés dans des étoffes haut de gamme, sélectionnées auprès d’éditeurs de tissus d’ameublement européens. Un des salons privés, est conçu dans le style d’une yourte mongole, elle est entièrement drapée de tissus. Partout, il y a des canapés et des fauteuils signés de la manufacture Laval, richement décorés de velours et des passementeries de chez Paris Passementerie. Voici les trois éditeurs les plus importants de Maison Russe :
Lelièvre partenaire officiel du restaurant, car fournisseur de la majorité des tissus des décors de Maison Russe : les savoir-faire d’exception de la Maison Lelièvre, ses velours iconiques et les soieries d’exception de Tassinari & Chatel viennent sublimer la décoration unique et flamboyante en textile, du restaurant Maison Russe. Outre le choix de tissus issus de collections existantes de Lelièvre Paris, telles que Everest, Galiera, ou des collections Tassinari & Chatel, Guimet, Pomme de pin, Charlotte et Jardin d’hiver, certaines matières, couleurs ou dessins ont été réalisés spécialement par la Maison Lelièvre dans le cadre de cette magnifique collaboration. Pas moins de 1000 mètres de tissu habillent mobiliers, rideaux et coussins de ce nouveau lieu ! Fondée à Paris en 1914 par Henri Lelièvre, la Maison éponyme a construit sa réputation autour de valeurs fortes qui sont : création, histoire et savoir-faire.
Tassinari & Chatel est le joyau de la Maison Lelièvre. C’est l’une des plus anciennes manufactures de tissage lyonnais dont les origines remontent à 1680 avec l’atelier Pernon, fournisseur officiel des plus grandes Cours d’Europe et notamment celle du roi Louis XV. Admirative de ce patrimoine exceptionnel qui perdure depuis plus de trois siècles, Lelièvre fera en 1998 un acte fort en rachetant cette maison prestigieuse. Tassinari & Chatel doit sa réputation à son expertise extraordinaire et séculaire dans la réalisation de soieries d’exception en associant un artisanat traditionnel et des innovations technologiques comme le classement au feu M1.
Le groupe Lelièvre a participé aux grands rendez-vous de la décoration française comme l’aménagement du paquebot Normandie et de l’aménagement de hôtels de luxe.

©Pierre Frey
Pierre Frey : les principaux tissus choisis par Laleh, dans les collections de la maison Frey, font partie d’une collection inspirée par la Russie. Des jacquards aux multiples couleurs tissés dans leurs ateliers du nord de la France. Le dessin Bolchoï et ses deux déclinaisons Moskova et Volga sont tirés d’un châle trouvé sur un marché aux Puces de Saint-Pétersbourg par Patrick Frey à une époque où la France reprenait des échanges commerciaux avec la Russie toujours aussi friand de décors avec une French Touch, pour l’aménagement de leurs palais et de leurs datchas.

©Rubelli
Rubelli. L’éditeur vénitien : Lady Roxana imprimé sur fond de coton percale qui reprend un modèle datant de la seconde partie du 19ème siècle. On a reproduit avec précision les coloris et les touches de pinceau du croquis, mais aussi les craquelures et les usures identifiables sur l'original. Le résultat donne un tissu d'une extrême élégance évoquant un riche et luxuriant jardin antique coordonné avec Violetta.
Samarcanda : une broderie dans des ors de différentes tonalités serpente à travers un velours, comme un minuscule feuillage. La riche et picturale culture artisanale de l'Asie centrale revisitée en une intimité précieuse. D'une histoire dense émerge une légèreté pétillante. La maison Rubelli a également fournit Shogun, un taffetas uni, Tendre, un lin faux uni et un velours uni hyper résistant, Velvetforty. La technique de la broderie est utilisée pour créer des éclats métalliques qui se détachent sur un riche fond de velours en un contraste de grande opulence.

©Tassinari & Chatel
Laleh Amir Assefi attache de l’importance aux détails des finitions comme au temps de la grande époque de l’ancien régime russe : tout est flamboyant avec des décors finis à la feuille d’or et de papiers gaufrés avec une patine posée à la main par des artisans de la célèbre maison Mériguet Carrière, qui vient d’intégrer depuis novembre 2020 le Comité Colbert (qui regroupe 85 maisons françaises du luxe et 16 institutions culturelles, dont la maison Pierre Frey, avec comme objectif de préserver les savoir-faire ancestraux) ; l’atelier Mériguet Carrière se situe au cœur du Marais.
A l’époque fastueuse de la cour du Tsar Nicolas II, des grandes maisons françaises de la joaillerie, des soyeux lyonnais et des métiers des arts de la table à la française étaient déjà présents à la cour de Saint Pétersbourg. Fabergé en a été le plus connu avec ses œufs, offerts par le Tsar à son épouse pour fêter Pâques. La décoration de Maison Russe en est un juste reflet de ces échanges culturels de l’époque transposé de nos jours. En 2010, plusieurs entreprises françaises avaient exposé au Manège à deux pas du Kremlin, leurs savoir-faire lors d’un évènement haut en couleurs : « Art de Vivre à la Française à Moscou », une belle vitrine de PME du monde de la décoration signée Maison et Objet.

©Romain Ricard
Maison Russe dispose également d’une boutique qui présente ses pyjamas de soie, avec ses chaussons et son linge de lit, sa vaisselle, sans oublier une épicerie fine, et son traiteur couture. A la carte du restaurant, caviar impérial de Sologne, omelette King Crab, Homard bleu breton, dos de cabillaud, asperges vertes ou cet assortiment de taramas et mon plat préféré le Koulibiac.
Comme il est écrit dans le dossier de presse, Maison Russe offre au propre comme au figuré, ce bonheur d’être une maison incarnée, mieux encore une maison habitée
Maison Russe ouvre du lundi au samedi, le restaurant pour déjeuner de 12h00 à 15h00 et pour diner de 19h00 à 02h00 - 7 salons de 6 à 26 couverts / le bar de 17h00 à 2h00 / la boutique de 11h00 à 20h00
Maison Russe
59, avenue Raymond Poincaré
75016 Paris
Réservations : 01 40 62 72 05
www.maisonrusse.com
contact@maisonrusse.com

©Romain Ricard
Autres adresses russes à visiter à Paris :
La célèbre maison Petrossian, a ouvert en 1920 au 144 rue de l’Université 75007 Paris sa boutique qui vend du caviar hors norme, aujourd’hui un restaurant la coiffe.
La Cathédrale de la Sainte-Trinité inaugurée en 2013, avec son centre culturel. Elle a été construite face au pont de l’Alma, sous les directives de l’agence Jean-Michel Wilmotte. Un chantier pharaonique dont la cathédrale qui occupe 450 m² et qui est inspirée de la cathédrale de la Dormition de Moscou, qui est la plus importante de la zone du Kremlin.
La librairie du Globe : 67, boulevard Beaumarchais 75003 Paris. La Russie en toutes lettres : tous les fervents amoureux de la langue et de la culture russe se retrouvent dans cette librairie ouverte depuis 1952, non loin de la place des Vosges. Lectures, cours de langue, concerts, expositions, débats et ciné-club vous y attendent.
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