L’ancien Musée de la Tapisserie d’Aubusson présente une exposition de broderies originale et totalement inattendue, rassemblant pour la première fois des oeuvres brodées d’artistes de la fin du XIXème et XXème siècle. Collaborations intimes entre des peintres et leurs épouses, soeurs ou mères, exposition d’oeuvres brodées de la fin du XIXème au XX siècle ou la technique de la broderie répond au plus près de la pensée créatrice, préparant ainsi à la rénovation de la tapisserie du XXème siècle.

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À la fin du XIXe siècle, la tapisserie de lisse ne répondait pas aux aspirations des avant-gardes artistiques qu’étaient le postimpressionnisme ou le mouvement Nabi. La tapisserie était l’apanage des lissiers et il était quasi impossible de faire changer leur façon de travailler et la manière de tisser. Les artistes, Emile Bernard, Aristide Maillol ou Paul Emile Ranson étaient fascinés par la tapisserie ; les lissiers contemporains ne pouvant leur réaliser leur oeuvres, et eux n’ayant pas de toutes façons les moyens de le financer, firent appel à leurs compagnes et mères brodeuses pour interpréter leurs oeuvres.

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Emile Bernard débuta dès les années 1880, en 1892 et 1893 broda un triptyque « Bretonnerie » destiné au Comte de La Rochefoucault avec sa compagne Maria, une oeuvre gigantesque en feutre et laine au rendu extraordinaire par la tonalité des tissus des appliqués, assemblés par des points en laine totalement libres, d’une grande modernité, et présentée à l’entrée du Musée.

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Nature Morte au citron de Georges Braque, vers 1920, est réalisée au petit point en laine sur canevas. L’abondance des nature mortes dans l’oeuvre de Braque rend difficile sa datation, dont on ne connait pas non plus l’exécutante, mais sa qualité d’interprétation suggère une personne proche de l’artiste, épouse… belle -mère ? (cette dernière était tapissière à Paris) .

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Les oeuvres brodées de Henri de Waroquier sont nombreuses dans l’exposition, de petits formats et sa diversité, suite à la donation au Musée des Arts décoratifs d’un legs important d’oeuvres brodées, exécutées par son épouse, durant la période de 1920 à 1930. Réalisées pour la plupart en fil de soie, au demi point de croix, elles sont admirables de précision comme celle du Marin italien qui a ma préférence, rebrodée de perles métalliques en or façonné, perles de verre et fils de soie délicats, aux tons passés. La forte présence qui se dégage du personnage, n’a pas échappé au Musée de la Marine qui a choisi cette oeuvre comme tête d’affiche pour son Salon de la Marine en 1956.

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Plus de 50 oeuvres brodées sont exposées dans l’ancien Musée de la Cité Internationale de la Tapisserie. Cette exposition originale a pu être réalisée grâce au travail de recherches considérable de la commissaire scientifique de l’exposition Danièle Véron-Denise, conservatrice en chef honoraire du patrimoine et la collaboration du conservateur Bruno Ithier.
L’exposition se tient jusqu’au 23 septembre 2018 au Musée de la Cité internationale d’Aubusson.
Le livre catalogue de l’exposition : Broderie d’artistes fin XIXè-milieu XXè siècle est disponible à la vente à l’accueil du musée et à la boutique de la cité, et paru aux éditions Silvana Editoriale.
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