A la découverte du kilim, un tissage aux parfums d’orient

Issu d’une technique traditionnelle, le kilim est un tapis entièrement tissé, originaire du Proche-Orient. Ces tapis aux accents ethniques mettent à jour un savoir-faire riche de plusieurs millénaires.

Le charme oriental peut se décliner en plusieurs horizons, comme nous le prouve cet intérieur. Entre le kilim de Turquie et les tissus asiatiques, la décoration affiche un certain luxe.

Mot d’origine turque signifiant « tissage », le kilim (écrit également klim ou kélim) est un tapis entièrement tissé, dont la particularité réside dans son absence de velours, puisqu’il n’est pas noué. Le plus ancien témoignage de ce tissage ancestral se situe sur le site archéologique de Çatal Hüyük, aux alentours de 8 000 à 7 000 av. J.C, où des fresques présentent d’étranges similitudes. Pour que la laine devienne propre au tissage, il faut néanmoins attendre le quatrième millénaire av. J.-C., avant que cette technique ne se fixe réellement. Peu à peu le kilim se développe et connaît une large expansion dans l’univers de l’Orient, même si son berceau initial reste la Mésopotamie, où il connaît un rayonnement particulier.

Depuis que la laine est propre au tissage au quatrième millénaire av. J.-C., les techniques de filage de laine, de tissage et de teinture ne semblent pas avoir connu d’évolution, restant une production artisanale et traditionnelle.
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Depuis que la laine est propre au tissage au quatrième millénaire av. J.-C., les techniques de filage de laine, de tissage et de teinture ne semblent pas avoir connu d’évolution, restant une production artisanale et traditionnelle.
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Paradoxalement, le kilim n’apparaît en Occident que sur le tard, ce qui lui a permis de conserver une forme d’authenticité. Depuis sa création, les techniques de filage de laine, du tissage ou de la confection de teinture ne semblent pas avoir évolué au cours des millénaires. Au XIXème siècle, l’Europe connaît un engouement particulier pour le kilim, avec la vague de l’orientalisme. L’industrialisation voit apparaître les premiers colorants chimiques, qui tendent à retirer le caractère traditionnel du kilim, avec l’abandon des colorants végétaux. Pourtant, la fabrication originelle du kilim ne s’effectue pas dans un cadre commercial. Garant de l’identité des peuples qui les confectionnent, chaque kilim présente un style propre qui permet d’identifier son lieu de provenance. Couleurs et formes constituent un véritable vocabulaire, qui symbolise d’anciennes croyances chamanistes.

Grâce à son accent pop, ce kilim présente une composition de couleurs digne des années 60. Le traditionnel ne fait pas fi d’un renouveau, en s’adaptant à la vague rétro dans une déclinaison autour des sixties.
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Grâce à son accent pop, ce kilim présente une composition de couleurs digne des années 60. Le traditionnel ne fait pas fi d’un renouveau, en s’adaptant à la vague rétro dans une déclinaison autour des sixties.
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Utilisant la même technique que la fabrication de la tapisserie, il s’agit de former une toile à partir de deux fils : la chaîne qui forme le dessin et la trame qui sert à la consolidation du tapis. Sur un métier à tisser, le fil du décor en coton est enroulé en point plat autour de deux fils de trame en laine. Souple et léger, le tapis présente une bonne résistance, grâce à sa double trame lui conférant un tissage serré, ce qui explique son peu d’adhérence au sol. Avec l’utilisation des colorants industriels, les couleurs tendent à devenir plus vives. Pour les chanceux ayant des kilims d’origine, les nuances ont tendance à perdre de leur éclat, les bleus devenant gris ou les rouges se changeant en terre cuite pale. Cet aspect « poudré » confère une certaine fragilité, une aura de délicatesse à ces tapis d’exception.

Le kilim se prête à toutes les déclinaisons comme le prouve ces coussins, dont les codes graphiques jouent sur le thème de l’exotisme avec ses entrelacs et ses rinceaux, donnant à voir des agencements complexes.
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Le kilim se prête à toutes les déclinaisons comme le prouve ces coussins, dont les codes graphiques jouent sur le thème de l’exotisme avec ses entrelacs et ses rinceaux, donnant à voir des agencements complexes.
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Grâce à son excellente robustesse, le kilim ne nécessite pas un entretien particulier, pour le conserver en état. Sa vulnérabilité est apparente au niveau des franges et des lisières, qui peuvent s’effilocher avec le temps. De ce fait, le passage de l’aspirateur peut accélèrer le processus d’usure, si vous ne respecter pas le sens du tissage. Pour un nettoyage complet du tapis, celui-ci doit se faire à la main avec de l’eau et du savon tous les 3 ou 5 ans. Si une tâche malencontreuse laisse une trace sur votre tapis, épongez-la avec de l’eau, mais n’utilisez aucun traitement chimique qui risquerait de l’abîmer. En cas de dégâts, faites appel à un professionnel, qui se chargera de réparer la trame.

Dans une décoration classique, le kilim confère un charme suranné, qui se joue des contrastes pour valoriser l’intérieur. Son code graphique d’entrelacs colorés permet de vivifier le blanc éclatant de cette pièce.
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Dans une décoration classique, le kilim confère un charme suranné, qui se joue des contrastes pour valoriser l’intérieur. Son code graphique d’entrelacs colorés permet de vivifier le blanc éclatant de cette pièce.
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Apportant une touche d’exotisme, si chère à Pierre Loti, dans les intérieurs, les entrelacs et rinceaux orientaux peuvent être remplacés par des formes géométriques et graphiques, dans une conception plus moderne. Mais faire le choix du kilim, ne revient-il pas à préférer une certaine part de tradition ancestrale ?

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Article publié le 27 juillet 2012

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