Immersion déco en terre indigo

Très tendance, le plus beau des bleus, révélé par des techniques artisanales de teinture, habillent nos intérieurs, dès ce printemps. Découvrez quelques-uns de ces plus beaux camaïeux !

« Mondes flottants », voiles de soie et de lin avec teinture dégradé. Création Ysabel de Maisonneuve.
Voir plus : bleu indigo, indigo, rideau

L'indigo, une histoire riche

La technique de la teinture à l’indigo, d’origine péruvienne, a été importée en Europe depuis l’Inde pendant l’Antiquité gréco-romaine. Mais elle ne fut diffusée massivement, depuis les colonies du Nouveau monde par l’Inde, qu’à partir du XVIIème siècle. Elle supplante alors la teinture au pastel et ruine son économie très développée dans le sud-ouest de la France. Plus rentable que le pastel et offrant un puissant pouvoir colorant 20 fois plus actif que celui du pastel, le succès de l’indigo est tel qu’il fait l’objet de recherches, pour développer une méthode de synthèse. Et c’est le chimiste Adolf Von Bayer qui la met au point au XIXème siècle. De tradition séculaire, la teinture à l’indigo renaît aujourd’hui à travers des productions artisanales respectueuses de l’environnement. Du bleu des touaregs, au bleu royal, en passant par le bleu des travailleurs, couleur porte-bonheur vénérée par les Egyptiens ou adoptée par la divinité Krishna hindouiste, le bleu était aussi une couleur méprisée au Moyen-Age. Du bleu au blues, le bleu est, de nos jours, la couleur préférée en Occident.

Undoo et Jangloo, serviettes en khadi de coton (tissu indien filé et tissé à la main). L’une est réalisée à la main au block print (technique d’impression manuelle avec tampons en bois) pour obtenir un aspect crayonné comme une calligraphie. L’autre est teinte selon la technique du tie and dye, en plongeant le tissu blanc dans un bain d’indigo pour offrir un subtil dégradé.
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Undoo et Jangloo, serviettes en khadi de coton (tissu indien filé et tissé à la main). L’une est réalisée à la main au block print (technique d’impression manuelle avec tampons en bois) pour obtenir un aspect crayonné comme une calligraphie. L’autre est teinte selon la technique du tie and dye, en plongeant le tissu blanc dans un bain d’indigo pour offrir un subtil dégradé.
©Caravane

Une technique exigeante

Le pigment indigo est issu de l’indigotier (Indigofera Tinctoria). Son extraction complexe est réalisée à partir de feuilles macérées, fermentées séchées, pilées et compressées qui permettent de fabriquer des boules de pâte. L’indigo, non soluble dans l’eau, doit ensuite être dissout à l’aide de réducteurs (chaux, sulfate de fer, hydrosulfite de sodium ou dithionite de sodium) et d’alcali (ammoniaque, carbonate de soude ou de sodium). On crée ainsi un milieu basique (avec pH supérieur à 7), sans oxygène, pour que l’indigo retrouve sa forme réduite. On trempe ensuite le tissu dans le mélange obtenu jusqu'à ce qu’il prenne l’intensité de la couleur désirée, en l’essorant bien entre chaque trempage. Le tissu prend d’abord une couleur jaunâtre qui vire au violet avec l’oxydation de l’air. La teinture se fixe parfaitement sur la laine, moins bien sur le lin et le coton, ce qui a fait le succès des jeans délavés. Pour obtenir des effets tie and tye, on réalise des petits nœuds ou attaches à des endroits particuliers du tissu avant le trempage. L’indigo est ainsi utilisé pour la teinture shibori japonaise avec décors à réserves par ligature. Autre technique ancienne d’origine japonaise, le tsutsugaki qui utilise la teinture indigo comme fond dans des décors obtenus par réserve à la pâte de riz. Cet art populaire a connu son apogée à l’ère Edo (1603-1868).

Kerulu, set de table en jute entièrement réalisé à la main sur un métier artisanal. La teinture dégradée est obtenue en plongeant le dans un bain de teinture dans un bain d’indigo.
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Kerulu, set de table en jute entièrement réalisé à la main sur un métier artisanal. La teinture dégradée est obtenue en plongeant le dans un bain de teinture dans un bain d’indigo.
©Caravane

La nouvelle route de l’indigo

L’indigo et la profondeur de ses tons nuancés sont aujourd’hui une source d’inspiration pour les créateurs textiles d’aujourd’hui. C’est le cas d’Ysabel de Maisonneuve, formée à la teinture indigo et de shibori auprès de maîtres spécialisés dans le domaine. Son art s’est aussi nourri de voyages, notamment en Asie. Ses pièces bleues actuelles, teintées à la main dans son atelier, portent l’empreinte des traditions japonaises, même si elle n’utilise plus d’indigo végétal. Tensira est une société qui fabrique et commercialise du linge de maison en provenance d’Afrique de l’Ouest. En pur coton filé et teint à la main dans des ateliers spécialisés en République de Guinée, ses créations, nées d’une rencontre entre le guinéen Hamidou Diallo et la finlandaise, Tuulia Makinen, devenue madame Diallo, marient deux cultures et « développent une activité durable pour les communautés artisanales africaines et encouragent un mode de consommation écologiquement responsable. » Et c’est la technique unique de la mère d’Hamidou que ce couple fait perdurer. Leur nouvelle collection printemps-été 2018 mêle d’ailleurs leurs origines, la simplicité caractéristique du design scandinave et la profondeur ethnique du bleu. Et l’indigo, c’est aussi l’une des thématiques de la nouvelle collection Tribal éditée par Caravane, qui se pare de merveilleux tie and dye. Le kadhi de coton immaculé est plongé à la main dans un bain de teinture, révélant au contact de l’air des dégradés subtils. Car rien ne vaut la main de l’homme et de la femme pour produire la plus belle des couleurs !    

Contacts :
Ysabel de Maisonneuve : www.ysabel-de-maisonneuve.com
Tensira : www.tensira.com
Caravane : www.caravane.fr

Jeux de rayures qui se coordonnent aisément pour la nouvelle collection Urban Living printemps-été 2018 de Tensira.
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Jeux de rayures qui se coordonnent aisément pour la nouvelle collection Urban Living printemps-été 2018 de Tensira.
©Tensira

Plaids Hom en coton, offrant 4 échelles de tissages et nuances d’indigo, avec effets de rayures, réalisées sur des petits métiers.
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Plaids Hom en coton, offrant 4 échelles de tissages et nuances d’indigo, avec effets de rayures, réalisées sur des petits métiers.
©Caravane

« Cercle au carré », organza de soie avec teinture shibori sur pliage. Création Ysabel de Maisonneuve.
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« Cercle au carré », organza de soie avec teinture shibori sur pliage. Création Ysabel de Maisonneuve.
©Eric Valdenaire

Echantillon en coton de nui shibori. Création Ysabel de Maisonneuve.
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Echantillon en coton de nui shibori. Création Ysabel de Maisonneuve.
©Ysabel de Maisonneuve

Lao, housses de coussin en coton filé, tissé et teint à la main avec motifs traditionnels géométriques provenant du Laos. Collection Tribal de Caravane.
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Lao, housses de coussin en coton filé, tissé et teint à la main avec motifs traditionnels géométriques provenant du Laos. Collection Tribal de Caravane.
©Caravane

Entièrement faits main, coussins et sur-matelas en coton tissé également à la main et garnis de kapok. Collection Urban Living printemps-été 2018 de Tensira.
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Entièrement faits main, coussins et sur-matelas en coton tissé également à la main et garnis de kapok. Collection Urban Living printemps-été 2018 de Tensira.
©Tensira

La nouvelle collection Urban Living printemps-été 2018 de Tensira renoue avec le style scandinave, souvenir du père de Tuula, un architecte finlandais : esprit minimaliste, lignes simples et épurées pour ces coussins entièrement fabriquées en Guinée par des artisans.
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La nouvelle collection Urban Living printemps-été 2018 de Tensira renoue avec le style scandinave, souvenir du père de Tuula, un architecte finlandais : esprit minimaliste, lignes simples et épurées pour ces coussins entièrement fabriquées en Guinée par des artisans.
©Tensira

Les tons minéraux et le bleu profond caractéristique de la sont obtenus grâce au pigment bleu végétal de Guinée, extrait des feuilles vertes que l’on trouve sur les indigotiers des forêts de cette région. Il est réputé pour son excellente tenue.
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Les tons minéraux et le bleu profond caractéristique de la sont obtenus grâce au pigment bleu végétal de Guinée, extrait des feuilles vertes que l’on trouve sur les indigotiers des forêts de cette région. Il est réputé pour son excellente tenue.
©Tensira

Sur un voilage, détail de pliures bleues teinture shibori. Création Ysabel de Maisonneuve.
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Sur un voilage, détail de pliures bleues teinture shibori. Création Ysabel de Maisonneuve.
©Ysabel de Maisonneuve
     

Article publié le 14 juin 2018

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