Pourquoi avez-vous choisi l’édition design ?
David Haymann : Après un début de carrière chez Xerox, j’ai passé plusieurs années à faire du trading international auprès de la grande distribution, avant de me décider de changer de vie et me consacrer à ma passion, à savoir l’édition d’objets et mobilier design. Depuis dix ans, je parcours les allées de Maison & Objet, en étant attiré par le design et l’édition. Durant des vacances au Brésil, il y a trois ans, ce sont des fauteuils de Sergio Rodrigues, distribués alors par Triode (et depuis par Classicon), qui vont avoir raison de mon désir de changement. Le cheminement du projet se fait en deux années. En mars 2011, je rencontre Toni Grilo, par l’entremise d'un ami commun. Notre même vision du métier et la manière de l’aborder nous poussent alors à concevoir une collection surprenante, mais abordable. Toutes les pièces sont signées.

©Christofle
Pourquoi un seul designer Toni Grilo ?
D. H. : En tant que nouvel éditeur de meubles et objets, j'ai choisi de consacrer l'intégralité de ma première collection au seul designer, Toni Grilo. Ce choix est avant tout dicté par notre vision commune et une collection fabriquée à 100 % au Portugal. La cohérence éditoriale de la première collection s’est imposée par la propre cohérence des dessins proposés par le designer. La stratégie initiale était de proposer une collection composée d’objets (vases en porcelaine ou en cristal, miroir en acier et inox poli), de meubles et de luminaires, qui forment dix familles de produits. La structure du fauteuil Dartagnan est par exemple conçue à partir de chêne naturel ou teinté, avec une assise en cuir sombre. Plus sculpturale, la chauffeuse Twist est un assemblage de tasseaux en chêne collés, reposant sur un piétement unique chromé.

©DR
Qui est Toni Grilo ?
D. H. : Diplômé en design de mobilier et architecture d’intérieure à l’Ecole Supérieure Boulle à Paris, Toni Grilo vit et travaille à Lisbonne, où il continue de développer des projets pour Paris. Metteur en scène de prototypes pour le salon In’nova, dédié aux arts de la table, il rencontre Robert Stadler, qui le motive à retourner à Paris pour une collaboration. De retour au Portugal, Toni Grilo fonde son agence Objection avec le designer Elder Monteiro. En 2005, il présente des pièces de son exposition « Dyfonction » à la biennale Experimenta Design. Il y rencontre Brigitte Fitoussi, alors directrice artistique de Christofle, qui aboutit à une collaboration au rayonnement international. En 2008, il ouvre un studio à son propre nom, pour un voyage en solitaire, où il se spécialise en design de produit et direction artistique.

©DR
Avez-vous des matériaux favoris ?
D. H. : Pour cette première collection, nous avons choisi de travailler des matières naturelles comme le bois (chêne d’origine française FSC), le cuir ou le liège brun découpé à la commande numérique, dans des pains de liège. De ce fait, la lampe de table Marie se décline tour à tour en chêne clair, chêne foncé, aluminium massif, liège ou marbre de Carrare.

©DR
Les savoir-faire des fabricants et artisans influencent-ils vos éditions?
D. H. : La volonté d’Haymann en tant qu’éditeur est de construire une collection avec comme point de départ la matière, une simplicité d’exécution, alliée à une certaine audace dans les lignes. Toni Grilo construit son travail à partir du matériau, pour le dessiner, et j’apprécie à titre personnel les matières nobles, qui durent au fil du temps. Tous les modèles sont fabriqués au Portugal, à l’instar de la porcelaine de Vista Alegre, afin de préserver les savoir-faire européens.

©DR
Votre actualité ?
D. H. : Aujourd’hui, Haymann souhaite développer un réseau de distribution multimarques. Pour l’heure, Toni est directeur artistique et associé au capital. Il est donc partie prenante dans cette édition de mobilier qui doit s'ouvrir à d'autres jeunes designers. La première collection comporte 18 pièces et la deuxième est déjà prévue pour janvier 2013.

©Hans Hansen pour Vitra Collections
Quel est l’objet que vous auriez aimé avoir édité ?
D. H. : Sans hésiter le fauteuil Plycraft et son ottoman, malheureusement plus édités pour le moment et dessinés dans les années 50 par le talentueux George Mulhauser, qui avait dessiné le fauteuil Coconut chez Vitra, attribué à un autre George : Nelson. En deuxième choix pour sa justesse, son équilibre, son élégance…et son succès commercial : le lampadaire Tolomeo !

©DR
Un rêve, une envie ?
D. H. : Mon rêve serait que l’aventure puisse durer très longtemps, et que la maison d’édition Haymann ne soit pas un simple effet de mode, vivante encore dans 30 ans, et en prime, être présent au MoMA !

©DR
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