Une réflexion sur la consommation excessive
Autrefois lorsqu’on cassait un objet, on le réparait. Aujourd’hui le premier réflexe, c’est de le jeter, car il n’est pas toujours réparable et s’il l’est, par chance, la réparation est souvent plus coûteuse que l’achat d’une pièce neuve. Mais depuis quelques années, l’invention de l’imprimante 3D, combinaison entre techniques de pointe et artisanat, est en train de bouleverser nos modes de consommation. Le moindre objet peut être désormais réparé. Quant à l’objet cassé, mal fabriqué, défectueux ou difforme sa nouvelle valeur marchande est donnée par le designer ou l’artiste qui le conçoit et le choisit comme un concept. L’objet inachevé, incomplet, raté ou cassé, c’est le thème de l’exposition présentée à la boutique Merci du 15 janvier au 4 février 2017 qui donne la parole à des créations qui ne recherchent pas la perfection des formes, des textures lisses et impeccables, mais portent les empreintes d’un accident et font référence à l’ébauche et à l’expérimentation volontaire ou involontaire.

©Tsé-Tsé Associées
L’art de l’aléatoire
Déjà dans les années 1990, les créatrices de Tsé-Tsé Associées avaient mis en production des objets d’arts de la table qui s’apparentaient aux rebuts de fabrication. La collection Affamée et Assoiffée était composée d’assiettes voilées à la planéité non conforme à la norme, de verres aux pieds légèrement tordus, de bols aux contours irréguliers… des pièces invendues, en somme, mais leurs défauts volontaires étaient maîtrisés par les designers qui dialoguaient avec les ateliers, pour obtenir un certain degré d’imperfection de façon à ce que l’objet garde toute sa fonctionnalité… Aujourd’hui, le designer Armand Bernoud utilise une matière plastique en fusion destinée à être jetée pour mouler des coques de sièges et créer des effets de couleurs dégradés dans la matière…et bien d’autres designers s’interrogent sur les rebuts de la société de consommation. Dans l’exposition, vous ne verrez pas ces créations mais bien d’autres comme celles de Kintsugi et Boro qui illustrent la fascination et la tradition des japonais pour les objets abimés puis reconstruits. Mais aussi celles de Nadia Gallardo, designer et plasticienne, qui se questionne sur la nature des objets et déforme le bocal Parfait en Imparfait. Tandis que Vanessa Mitrani réinvente la technique du raccommodage…Et la beauté des (objets) laids ne s’arrête pas là !

©Vanessa Mitrani
Des créations expérimentales
Des presse-citron « mal teints » découverts au Centre international d’art verrier à Meisenthal, dans les Vosges et qui ont servi à des essais de couleurs pour la fabrication des boules de Noël aux verres de cantine Duralex, revus et corrigés par les designers Loris et Livia, l’univers de l’imparfait nous offre un nouveau regard plus humain et vivant sur l’objet et le dote d’un supplément d’âme. Du raccommodage à la broderie, il n’y a parfois qu’un pas…

©Nadia Gallardo
Exposition Imparfait
Nobody’s perfect
Chez Merci
111, boulevard Beaumarchais
75003 Paris
Tél. : 01 42 77 00 33
www.merci-merci.com
Maximum : www.maximum.paris.com
Tsé-Tsé Associées : www.tse-tse.com

©Manufacture de Digoin

©Maximum

©Kintsugi et Boro

©Kintsugi

©Merci

©Merci
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