La copie sous toutes ses coutures
Analyser le phénomène de la copie dans l’univers du mobilier et objet design n’est pas chose facile. Le disséquer est cependant passionnant. C’est ce que propose cette exposition qui évoque tous les aspects de la copie. En effet, la copie est inhérente à toutes créations humaines, car on ne peut créer que ce que l’on a déjà vu. À la copie peu soignée et vénale, s’opposent des stratégies de réemploi reconnues, telles que l’hommage et la réinterprétation avec mention des sources. De tout temps, la copie a été un moyen d’étudier, d’optimiser, de commenter, d’expérimenter voir de provoquer. Réinterprétations de bleus de Delft inspirés de la porcelaine chinoise, variantes de tapis d’Orient traditionnels, approches modernes de vases ou sièges Ming, comme ceux du scandinave Hans J. Wegner ou encore sculptures lumineuses en papier comme celles de Isamu Noguchi (lui-même copié par la grande diffusion) ; la copie peut être aussi créative.

©Courtesy Galerie Vivid
Les spécialistes de la copie positive
Dans le flot incessant de créations objets et mobilier, nombre de produits se ressemblent et parfois volontairement par un choix personnel et assumé de leur créateur. C’est le cas de Bas Van Beek qui remet en selle des projets célèbres, après étude minutieuse sur le plan historique et technique, mais aussi des projets non réalisés ou de nouvelles variations. Jasper Morrison prend délibérément un siège existant comme point de départ d’un nouveau siège : on voit à peine la différence entre le modèle et son successeur (entre la chaise 40/4 créée en 1964 par David Rowland et la chaise Sim de 1999). Les questions de paternité et d’originalité sont aussi inhérentes à l’œuvre de la créatrice allemande Hanna Krüger. Quant à Martino Gamper, il déconstruit des meubles et des matériaux existants pour les réassembler en quelque chose de neuf. « Ce n’est pas parce que quelqu’un a déjà courbé du bois, que plus personne ne peut le faire. Nous devrions faire preuve d’une plus grande franchise et ne pas craindre de marcher sur les traces d’autrui. Des idées existantes, des processus de réalisation déjà explorés devraient davantage nous servir de modèles, nous inspirer, pour nous donner le cran précisément de reculer les limites de ce qui existe et tenter de réinventer les choses », nous rappelle-t-il. Le designer néerlandais Richard Hutten a fait lui aussi de nombreuses recherches sur le copiage. Et il a conçu de très nombreux objets inspirés de projets existants, comme sa chaise Berlage pour le Gemeentemuseum de La Haye et s’interroge sur la culture chinoise du copycat. « Ce que l’acte de copier vous révèle », explique Hutten, « c’est l’amélioration d’un original. Et c’est ce qu’ils font en Chine. »

©Vitra
La copie, bonne ou mauvaise ?
Pas de réponse tranchée à cette question si complexe, car polymorphe. Mais des réflexions ouvertes comme celle de Marnix Smessaert, fondateur et gérant de la société d’éclairage design Dark qui s’inquiète et lutte contre les copycats chinois. Ou le conseil éclairé d’un avocat bruxellois qui rappelle au consommateur, qui pourrait se laisser tenter par l’achat de copies illégales, ses obligations. Alors que les technologies permettent de dupliquer n’importe quel objet, comme le pratique le duo belgo-néerlandais Unfold, Claire Warnier et Dries Verbruggen avec leur Kiosk, un triporteur équipé d’un scanner 3D mobile et d’une imprimante…

©Jongeriuslab
Contact Exposition :
Ceci n’est pas une copie
Design entre innovation et imitation
Du 27 novembre 2016 au 26 février 2017
CID - centre d'innovation et de design au Grand-Hornu
82, rue Sainte-Louise
7301 Hornu
Belgique
Tél. : 0032 (0) 65 65.21.21
Mail : info.cid@grand-hornu.be
www.cid-grand-hornu.be
Et www.grand-hornu.eu

©Vitra

©Studio Hanna Krüger

©Droog

©Courtesy Volker Albus

©Bert Loeschner

©Collection Design Museum Gent

©Robert Stadler
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