Designer malgré lui
C’est après avoir connu une jeunesse dorée que ce futur ingénieur à la famille ruinée par la crise des années 30, abandonne ses études débutées à la Faculté d’Igénierie Aéronavale de Gênes. Dans une interview réalisée en 1984, quelques mois avant sa mort, pour le Centre Georges Pompidou à l’occasion de l’exposition « Lumières : je pense à vous », il avoue à Jean-François Grunfeld avoir commencé à faire des lampes pour manger. Devenu représentant par nécessité pour une fabrique de verres de Murano, dans cette interview, il remerciait aussi son père pour lui avoir fait « voir la vie telle qu’elle était exactement le jour d’après, quand la plupart des gens ne le saluaient plus ». Et il a commencé à concevoir des lampes en bricolant et assemblant des éléments existants, vase, abat-jour, calotte de machine à café… Il a au aussi l’idée d’utiliser un matériau nouveau translucide et coloré, le Perspex. Pour ses luminaires où apparaissent les fils électriques et qui ont inspiré d’autres talentueux designers comme Joe Colombo, il explique se préoccuper peu de la forme, si ce n’est de la forme de l’ampoule. Et pourtant, ses créations semblent parfaitement dessinées ! Tandis qu’il a travaillé toute sa vie sur la même idée : « Avoir une lumière et avoir un écran. Avoir une lumière réfléchie et pouvoir tourner le réflecteur pour avoir une lumière directe. » explique-t-il encore à Jean-François Grunfeld. Il avoue aussi « avoir fait des choses avec rien… avec des pièces, des tubes, avec des mains d’homme… » Pour lui une lampe est une terrible machine, avec d’autres terribles machines.

©Flos et Astep
Un précurseur de modernité
Avec sa modestie de designer qui expérimente tout, Gino Sarfatti a tout simplement inventé le luminaire moderne en utilisant de nouvelles sources lumineuses, tubes fluorescents, Cornalux, premières ampoules halogènes… De 1939 à 1973, il a renouvelé les typologies traditionnelles et a inventé de nouvelles fonctions pour la lumière. Il a aussi dessiné plus de 600 appareils, tous fabriqués par Arteluce, entreprise qu’il a fondée en 1939 et vendue à Flos en 1973, avant de se retirer dans sa maison de Griante sur le lac de Côme. C’est cette firme qui réédite aujourd’hui son fameux lustre n°2097 à 30 ou 50 ampoules. D’autres luminaires sont aussi réédités par la société danoise Astep, dirigée par son petit fils Alessandro.

©Galerie Christine Diegoni
Des créations primées
Parmi ses modèles les plus emblématiques, la lampe n° 548. Les modèles 1063 et 1065 qui ont obtenu le « Grand Prix » de la Xème Triennale en 1954 et le modèle 559 qui a remporté le Compasso D’Oro, la même année, prix décerné l’année suivante au modèle 1055. Il s’est aussi occupé de grands chantiers comme les bateaux de croisière Michelangelo et Rafaello et l’installation d'un nuage de lumières pour le Théâtre Regio de Turin. « Bien que précurseur, Gino Sarfatti a connu le succès en son temps. Mais ce ne sont pas les modèles primés les plus avant-gardistes, souvent trop épurés, qui ont marqué son époque. Ce sont les modèles les plus décoratifs avec des diffuseurs en forme de boules comme le lustre n° 2109/16, dessiné en 1971, qui ont été les plus plébiscités au moment de leur création », raconte Christine Diegoni qui s’intéresse à l’œuvre de Gino Sarfatti depuis plus de 20 ans. Son luminaire préféré ? Le lampadaire n° 1050, créé en 1958, en métal laqué, posé sur une base en marbre découpée. Une véritable sculpture de 2,10 m de hauteur !
Contact : Galerie Christine Diegoni
47 ter, rue d’Orsel
75018 Paris.
Tél. : 01 42 64 69 48
www.christinediegoni.fr
Flos : www.flos.it
Astep : www.astep.dk

©Galerie Christine Diegoni

©Galerie Christine Diegoni

©Galerie Christine Diegoni

©Galerie Christine Diegoni

©Galerie Christine Diegoni

©Galerie Christine Diegoni
Ajouter un commentaire