D’origine irlandaise, après avoir étudié à Londres puis à Paris, Eileen Gray s’installe dans la capitale française en 1907. Elle est connue pour son travail de la laque, pour la décoration et la création de meubles pour des clients particuliers, pendant la première partie du XXème siècle. Avec son style Art déco, Eileen Gray révèle une grande partie de son travail en 1913, lors du Salon des Arts Décoratifs. Son travail attire immédiatement l’attention du couturier Jacques Doucet, amateur et collectionneur d’art. Il lui passe commande de quelques œuvres et réalise notamment pour lui l’un de ses plus beaux paravents « Le destin », avant le début de la première guerre mondiale.

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En 1922, Eileen Gray ouvre la galerie Jean Désert, avec l’aide de Jean Badovici, architecte et critique roumain. Cette galerie est une opportunité pour elle de promouvoir et commercialiser ses réalisations. La galerie elle-même attire l’attention du monde créatif, et l’influence de l’architecte roumain Badovici s’y fait sentir. Bien qu’elle ne soit pas une réussite financière, la galerie séduit une clientèle chic. Eileen Gray obtient des commandes pour lesquelles elle collabore avec l’artiste japonaise Sugawara, ainsi qu’avec la tisseuse Evelyn Wyld.

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L’année suivante, Eileen Gray présente à nouveau au Salon des Arts Décoratifs, son travail sur la chambre boudoir Monte-Carlo, qui sera salué notamment par l’avant-garde hollandaise. Un canapé des plus originaux marquera le design de cette époque, deux sortes de bancs courbes superposés de façon asymétrique, sur une structure en acier soudé, le tout recouvert de tissu ou de cuir.

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En 1924, Jean Badovici propose à Eileen Gray de devenir architecte. A partir de 1926, elle dessinera et construira sa maison moderniste E-1027 à Roquebrune-Cap-Martin, dans le sud de la France. Il était ferronnier d’art et l’aidera dans la réalisation de ses prototypes. Le nom de la maison est un code pour Eileen Gray et Jean Badovici : E pour Eileen, 10 pour le J de Jean, 2 pour le B de Badovici, 7 pour le G de Gray. Le toit est plat, la maison forme un L et est composée de baies vitrées et d’un escalier hélicoïdal. Eileen Gray crée aussi le mobilier, avec notamment la table circulaire en verre E-1027. Avec cette construction, Eileen Gray et Jean Badovici remettent en cause les principes de l’avant-garde moderniste.

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Les années 1930 sont une période charnière pour la société française. La montée du chômage, puis l’accès aux congés payés poussent les architectes à repenser les équipements sociaux et culturels. Eileen Gray est l’une des précurseurs dans le domaine, et fait des enjeux du logement social l’une des caractéristiques de son œuvre. Le premier projet se nomme « Tente de camping », en 1930, où elle intègre une conception tournée vers le loisir de masse. Explorant l’impact des congés payés sur la vie sociale des gens, elle imagine aussi un centre de vacances et de loisirs entre 1936 et 1937. Ce projet complet, intègre services administratifs, parkings, divers modes de logement et équipements liés aux loisirs et activités de plein air. Un projet qui sera présenté à l’Exposition internationale « Arts et Techniques dans la Vie Moderne » de 1937. Lors de la présentation du Pavillon des Temps Nouveaux, Eileen Gray travaillera avec Le Corbusier sur l’exposition.

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L’œuvre de Eileen Gray tombera dans l’oubli jusqu’en 1968, où un collectionneur la redécouvre. Quatre ans avant sa mort, en 1972, Eileen Gray devint célèbre. Depuis sa disparition, Eileen Gray fait l’objet d’expositions posthumes...
De nos jours, quelques belles marques comme Aram, Classicon ou encore Ecart International rééditent les meubles les plus célèbres de cette grande architecte.
Eileen Gray restera pour le design une grande originale, sensible aux changements de son époque.
Une rétrospective est présentée au Centre Pompidou du 20 février 2013 au 20 mai 2013 de 11 h à 21h.

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