Inventivité et recyclage
En Italie, alors que le années 1970 ont plutôt développé un design critique ironisant quelque peu sur les créations passées, avec les groupes successifs Archigram, Archizoom, Superstudio, Gruppo 65 ou Studio 65 Alchimia, les années 1960, elles, ont permis l’éclosion d’objets, sièges et luminaires d’une étonnante créativité aux lignes et matériaux totalement inédits jusqu’alors. Passés maîtres dans ce domaine, Achille Castiglioni et ses frères ont notamment œuvré pour une définition plus moderne du luminaire multifonction qui s’adapte à l’espace. Ils étaient trois, Livio (1911-1979), Pier Giacomo (1913-1968) et Achille Castiglioni (1918-2002). Le plus âgé, Livio, a créé la première radio en bakélite italienne. Il est aussi l’auteur, en collaboration avec son frère Achille et Gianfranco Frattini, en 1970, de la lampe Boalum, composée d’un tuyau d’aspirateur lumineux qui se contorsionne comme un serpent, pour se suspendre, se recourber, s’enrouler à loisir et s’adapter parfaitement à l’espace et à différents usages. Son système modulaire et tubulaire comprend jusqu’à 7 modules pour 2 mètres de long, avec 7 ampoules par module. Un véritable boa souple dompté par son utilisateur. Quant aux sièges Sella et Allunaggio, créations « ready-made » et dadaïstes façon Marcel Duchamp, avant celles des nouveaux réalistes auxquels ils sont aussi liés dans leur inspiration globale, ils opèrent respectivement le recyclage d’une selle de vélo et d’un siège de tracteur.
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Le cas du lampadaire Arco
Créé en 1962, par deux des trois frères, Achille et Pier Giacomo Castiglioni, le lampadaire Arco en acier inoxydable permet, quant à lui, d’éclairer directement une table de repas sans l’usage d’une suspension ou d’un plafonnier. Sa base en marbre est dotée d’une perforation qui permet de glisser le manche d’un balai pour le déplacer. Comme un magnifique « dessin dans l’espace » pour reprendre l’expression appliquée aux mobiles Calder, doté d’une hauteur de 2,4 m, son encombrement minimal au sol permet une grande souplesse dans la disposition du mobilier. Conçu à partir d’un nombre basique d’éléments, ses deux matériaux de base, marbre et acier inoxydable brillant en contraste, donnent une certaine impression de luxe sans ostentation. Le marbre lourd est aussi utilisé comme lest.
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Des créations à 2, 4 ou 6 mains
C’est l’œuvre des 3 frères Castiglioni, très actifs dans les expositions de la triennale de Milan, qui ouvre la porte à de nombreuses créations utilisant des détournements d’objets utilitaires, qui seront légion dans les années 1980 et 1990. Achille, le plus jeune, rejoint ses frères dans le cabinet familial d’architecture, d’urbanisme et de design d’objets. Après la mort de Pier Giacomo, Achille travaille comme designer industriel pour la firme Alessi, où il conçoit notamment un élégant service à condiments. Ayant obtenu 8 fois le Compas d’or (Compasso d’oro) en 50 ans de carrière, adepte du rationalisme tempéré, il a aussi enseigné à Milan et à Turin et influence toujours les jeunes designers. En 1960, Achille et Pier Giacomo s’associent au designer et architecte Tobia Scarpa pour créer des lampes aériennes composées d’un plastique en aérosol appel Cocoon. Leur fabrication qui s’étale sur 4 jours est totalement innovante. Sur une structure en aluminium, on pulvérise la matière mélangée à de l’eau qui se tend au séchage et on recouvre ensuite d’un vernis métallique. Et dans cette exposition dont la scénographie est signée par Jean-Marie Massaud, retrouvez les pièces iconiques d’Achille qui sont notamment toujours éditées chez les éditeurs italiens Zanotta ou Flos, et qui s’intègrent parfaitement dans les intérieurs d’aujourd’hui.
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Contact :
Exposition « Lumière sur Achille Castiglioni », jusqu’au 31 août 2018
RBC Isle-sur-la-Sorgue,
9, avenue de la Libération,
84800 L’Isle-sur-la-Sorgue
Tél. : 04 65 00 00 77
www.rbcmobilier.com
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