Hommage au designer Alain Richard

Agnès Zamboni

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Décédé le 4 août 2017, ce grand designer français symbolise la modernité et l’élégance des Trente Glorieuses. Découvrez ses créations bientôt présentées à La Galerie Pascal Cuisinier de Paris.

A gauche, Alain Richard, un designer né en 1926 et décédé en août 2017 à l’âge de 91 ans. Son studio de création fondé en 1952 s’est doublé en 1972 d’un département de design graphique. Une exposition rétrospective sera bientôt organisée par la Galerie Pascal Cuisinier spécialisée dans le design français des années 1950 à 1970. A droite, publicité de 1961 avec la table et l’enfilade 802 et la chaise 159 dessinées par Alain Richard pour Meubles TV.
©Galerie Pascal Cuisinier

Des débuts prometteurs

« Dépouillement » et « maîtrise des jeux de matériaux et de couleurs » sont les termes avec lesquels, feu Patrick Favardin, avait défini le travail d’Alain Richard dans son ouvrage emblématique Les Décorateurs de années 1950, publié aux éditions Norma. Finitions impeccables et détails soignés travaillés dans une économie décorative sans superflu, l’esprit minimaliste de ce designer avant-gardiste fait rougir de jalousie les plus grands designers italiens. Et le style de ce breton, né au pays de la mer et des bateaux, qui se voyait s’engager dans la Marine Nationale, est resté résolument contemporain et actuel. C’est son professeur de dessin qui lui conseille de se présenter au concours de l’Ecole nationale des arts décoratifs de Paris où il devient l’élève de René Gabriel, pour ensuite intégrer son agence en tant qu’employé. Au décès de son mentor, en 1949, il s’exile aux Pays-Bas et entre dans le Cabinet d’Hein Salomonson, l’un des jeunes collaborateurs de Le Corbusier à Paris. En 1952, il revient en France et dessine des meubles qui seront très vite récompensés : Grand prix de la Triennale de Milan en 1954, grand prix de l’Exposition universelle de Bruxelles en 1958…Prix René Gabriel en 1964. Et ses premières créations sont exposées au Salon des Arts Ménagers en 1950.

En version plaquage de bois clair ou coloré, commode 219 en orme ou bois laqué et métal création, création Alain Richard en 1954/55, Edition Meubles TV.
©Galerie Pascal Cuisinier

Précurseur de la couleur

Faisant rapidement preuve d’un esprit indépendant, Alain Richard ne se satisfait pas de la fondation du Groupe 4 et de sa collaboration avec l’industriel Charron, comme des contraintes commerciales et techniques de cette firme. Et il préfère collaborer avec sa femme Jacqueline Iribe qui devient l’une des plus créatrices de textiles d’ameublement des années 1950 et avec qui il fonde son propre bureau d’études en 1952. En 1954, il se fait remarquer avec une chambre à coucher intégrant un éclairage indirect, des jeux de matériaux renforcés par des aplats de couleurs et les tissus de Jacqueline Iribe, des tubes métalliques pour les luminaires et les montants des meubles…De salon en bahut et enfilade, il collabore avec l’éditeur Meubles TV qui commercialise ses créations les plus emblématiques. Et il se charge de l’aménagement intérieur d’un projet ambitieux et expérimental, celui de la maison tout en plastiques. Il l’imaginera futuriste et ludique avec un jeu de couleurs…

Version high-tech, paire d’appliques A30 en nickel mat, métal chromé et laqué, création Alain Richard en 1965, Edition Pierre Disderot.
©Galerie Pascal Cuisinier

Une reconnaissance nationale

Au fil des ans, le succès naissant, Alain Richard est sollicité par des sociétés publiques ou privées pour concevoir préfecture, tribunal, ambassade, banque, hôtel, complexe sportif. Il devient aussi un spécialiste des musées et en conçoit une vingtaine… tout en poursuivant une carrière d’enseignant. Et il collabore au groupe Espace fondé par André Bloc qui aspire à réaliser la synthèse des arts.