Luxe et justesse du design pour Jean-Baptiste Sibertin-Blanc

Mobilier, arts de la table, architecture, Jean-Baptiste Sibertin-Blanc s’adonne au design en faisant parler les matières, une source d’inspiration privilégiée. Les lieux, les voyages et sa nécessité absolue de mettre en exergue les savoir-faire sont au cœur de ses projets. Depuis plus de 20 ans, les grandes marques de luxe font appel à lui pour la pertinence de son design, alliant élégance, modernité et ergonomie.

Inspirée par Palladio, architecte de la Renaissance italienne qui dessina la villa Rotonda, la coupe Rototondo en pâte de cristal évoque les rondeurs d'une sculpture reposant sur un pied de corail, Daum

Pourquoi avez-vous choisi le métier de designer ?

Jean-Baptiste Sibertin-Blanc : Sans doute par atavisme familial, petit-fils et fils d’un grand-père artiste peintre et d’un père architecte. A la suite d’un CAP d’ébéniste à 21 ans passé en candidat libre – Ecole Boulle marqueterie/ébénisterie avec Pierre Ramond - j’ai eu la chance de faire partie de la première promotion de l’Ensci en 1987. Mon diplôme, dessiné par le maître de la bande dessinée Moebius se voit alors co-signé par Jack Lang, Ministre de la Culture et Laurent Fabius, Ministre de l’Industrie. À cette époque, je rêve de dessiner du mobilier contemporain, après avoir restauré d’authentiques meubles de Ruhlmann et autres bureaux Mazarin marquetés de cuivre et d’écaille de tortue.

Jean-Baptiste Sibertin-Blanc, 20 ans de création pour les plus belles marques d'art de la table.
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Jean-Baptiste Sibertin-Blanc, 20 ans de création pour les plus belles marques d'art de la table.
©Olivier Brunet

Vos débuts ?

J.B.S.B. : Après l’Ensci - Les Ateliers, j’ai passé 4 années chez Ricardo Bofill pour dessiner tout le mobilier de l’agence, et notamment pour des projets comme l’aéroport de Barcelone, l’Hôtel de Région de Montpellier ou des éditeurs tels que Cassina, Tecno… Chaque projet était alors entièrement dessiné au Rotring en appliquant rigoureusement le Nombre d’Or, la divine proportion permettant de donner aux choses de justes proportions, tant pour les objets que pour l’architecture.

Inspirée par Palladio, architecte de la Renaissance italienne qui dessina la villa Rotonda, la coupe Rototondo en pâte de cristal évoque les rondeurs d'une sculpture reposant sur un pied de corail, Daum
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Inspirée par Palladio, architecte de la Renaissance italienne qui dessina la villa Rotonda, la coupe Rototondo en pâte de cristal évoque les rondeurs d'une sculpture reposant sur un pied de corail, Daum
©DR

Quelles sont les étapes pour donner naissance à vos projets ?

J.B.S.B. : Dessiner, faire des gammes, chercher dans le calme… car on n’est jamais à l’abri d’une bonne idée. Dessiner peut se concevoir comme un labeur passionnant ; à titre personnel, je rêve de dessiner deux heures chaque matin avec seulement un bloc de papier et un crayon. L’écriture apporte aussi beaucoup pour organiser ses idées et exprimer avec des mots, les messages et les émotions que l’on souhaite faire passer à travers les projets.

Prouesse technologique réalisée par un chantier naval, la structure du paravent Oya est conçu à partir d'une feuille de carbone de 2 mm d'épaisseur habillée de louro faya, élégant acajou du Honduras.
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Prouesse technologique réalisée par un chantier naval, la structure du paravent Oya est conçu à partir d'une feuille de carbone de 2 mm d'épaisseur habillée de louro faya, élégant acajou du Honduras.
©DR

Avez-vous des matériaux favoris ?

J.B.S.B. : De par ma formation, j’ai été « fabriqué en bois », mais aujourd’hui j’affectionne et emploie beaucoup de matériaux divers comme le verre, l’acier, l’étain, la corne de zébu, l’obsidienne, le Corian, le balsa… En 1998, pour expliciter ces recherches à partir des matériaux, j’ai conçu une exposition intitulée « La matière des lieux », afin de rapprocher les régions et les matériaux à partir desquels j’ai réalisé de nombreux projets, en France et à l’étranger.

Les savoir-faire des fabricants et artisans influencent-ils votre travail ?

J.B.S.B. : Si Daum m’a confié la Direction artistique de la marque en1999, c’est sans doute parce que je cherche inlassablement à projeter dans l’avenir, l’alliance de la technique et des belles matières. Lorsque j’initie une nouvelle collaboration avec une marque, j’analyse en premier lieu les richesses et les contraintes de ses matériaux de prédilection, afin de les utiliser au mieux.

La poignée Fedra en acier brossé, dessinée pour Valli & Valli et évoquant la torsion du métal, un hommage à Richard Serra qui amène visuellement le geste à l'objet.
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La poignée Fedra en acier brossé, dessinée pour Valli & Valli et évoquant la torsion du métal, un hommage à Richard Serra qui amène visuellement le geste à l'objet.
©DR

Quels sont vos éditeurs ?

J.B.S.B. : De nombreuses maisons prestigieuses de l’univers des arts de la table, comme Hermès pour qui j’ai dessiné la ligne de couverts Ondes, pour Puiforcat, la collection Polichinelle, cadeaux de baptême en métal argenté et résine. Et pêle-mêle, pour Christofle, la ligne de couverts Intégrale, pour Orfèvrerie de France, la Collection Finger (récemment récompensée d’un Label VIA), les carafes Domino pour Salviati, la carafe Cool en faïence pour Ligne Roset, ou encore la poignée de porte Fedra pour Valli e Valli, les dalles de moquette pour Tarkett, la collection Feelings de carrelage mural en verre flotté pour Saint-Gobain Glass. Pour Leblon-Delienne, j’ai imaginé un canapé et une table basse aux couleurs vives, fabriqués en rotomoulage et faisant écho à l’univers de la bande dessinée, sans oublier 12 années durant, la direction artistique de la Cristallerie Daum pour écrire une nouvelle histoire à partir de la pâte de cristal.

Votre actualité ?

J.B.S.B. : Je viens de dessiner une série de 20 nouveaux modèles pour Lampe Berger, dont les premières séries sont sorties à Maison et Objet, une exposition à la Granville Gallery (vernissage le 17 mars) intitulée « Dialogue » avec  Côme Mosta-heirt, qui mettra face à face mobilier, miroirs, luminaires… Le mobilier liturgique de la cathédrale d’Epinal à travers six pièces en Corian et obsidienne d’Arménie et prochainement pour Airdiem, un narghilé de luxe en verre, métal et cuir.

Carafe Cool en faience, pour Ligne Roset. Le principe étant que la main fasse corps avec l'objet en devenant centre de gravité.
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Carafe Cool en faience, pour Ligne Roset. Le principe étant que la main fasse corps avec l'objet en devenant centre de gravité.
©DR

Quel est l’objet que vous auriez aimé avoir créé ?

J.B.S.B. : Le Moth Europe, choisi comme série olympique pour les Jeux olympiques d'été de 1992, petit dériveur apparu aux Etats-Unis en 1929.

Avec sa base polylobée évoluant vers une étoile au sommet, le design de la Lampe Berger figure la mutation de l'essence en parfum.
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Avec sa base polylobée évoluant vers une étoile au sommet, le design de la Lampe Berger figure la mutation de l'essence en parfum.
©DR

Un rêve une envie ?

J.B.S.B. : le souhait de nombreux designers, dessiner un flacon de parfum ou de travailler sur la prochaine 1200 RT, moto BMW, ou encore un hôtel, en associant tous les domaines pour lesquels j’ai déjà travaillé, de la petite cuillère à la salle de bains, en travaillant sur la qualité des espaces, la diversité des lumières…

www.jbsb.eu

Article publié le 8 février 2012

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