Un acteur majeur de la modernité
On ne présente plus l’architecte et designer Alvar Aalto qui n’avait cependant pas fait l’objet d’une rétrospective, en France, depuis 30 ans. Cette exposition retrace 50 d’activités de ce pape du courant organique et précurseur des formes libres inspirées par les contours des paysages naturels de Finlande. Et elle a aussi l’avantage de présenter 150 œuvres et documents, en grande partie jamais dévoilés à ce jour à un public français. A partir de la fin des années 1920, Alvar Aalto dialogue volontiers avec l’avant-garde artistique de son époque, représentée par les peintres et sculpteurs Fernand Léger, Jean Arp, Alexandre Calder ou le photographe Laszlo Moholy-Nagy. Et il intègre, dans ses propres créations, leurs nouvelles conceptions plastiques. Il se rend notamment en France à l’occasion de la construction du pavillon finlandais de l’Exposition internationale des arts et techniques de 1937 et de celle de la villa de Louis Carré qui lui sont confiés.
Les secrets de deux œuvres emblématiques
Parmi ses œuvres maîtresses, la chaise Paimio du sanatorium éponyme, une des premiers exemples des recherches d’Aalto sur le bois courbé. Créée en 1931-32, en contreplaqué de bouleau, elle formalise la volonté de rompre avec l’utilisation du tube d’acier, froid et fonctionnel. Le principe d’un contreplaqué et celui du lamellé-collé sont ainsi réunis dans cette chaise longue caractérisée par un impressionnant porte-à-faux. L’assise est suspendue entre deux cadres en forme de C, très minces et légers car ils supportent peu de poids. La forme de ce fauteuil est obtenue par le cintrage de plusieurs feuilles de bois assemblées par une colle à la caséine et séchées pendant 24 heures. Cette nouvelle colle a repoussé, à l’époque, les limites du lamellé-collé, permettant de le cintrer sans et de jouer avec l’épaisseur des feuilles. Conçu pour meubler la salle d’attente du sanatorium pour tuberculeux de Paimio, ce fauteuil offre une position idéale pour respirer et possède une assise relativement dure qui évite aux patients de s’assoupir. Point de départ de nombreux autres modèles de sièges, tabourets ou tables, le fauteuil Paimio est aussi un objet de rupture, précurseur du design organique. Quant au vase Savoy, créé pour le restaurant éponyme qui en a fait l’acquisition en 1937, année où il a été présenté à l’Exposition universelle de Paris, il fait toujours des vagues. Les prototypes initiaux ont été réalisés en soufflant le verre au centre d’une composition de bâtons de bois plantés dans le sol, empêchant la pâte de gonfler par endroits. En verre soufflé par un verrier finlandais d’Iittala, il est édité aujourd’hui comme autrefois, mais dans un moule en fonte. Il requiert 12 étapes de fabrication, 7 artisans spécialisés et une trentaine d’heures de travail. Et de nouvelles couleurs sont venues animer sa robe dansante…
Entre design et architecture
En 1935, Aalto fonde avec son épouse et deux autres associés la société Artek, qui édite du mobilier en série. Parallèlement, il participe au renouveau du verre artistique dont le vase Savoy, devient le symbole nordique. Après la Seconde Guerre mondiale, l’architecte se consacre à la reconstruction dans son pays, avec des projets d’urbanisation. A partir des années 1950, son agence développe des activités à l’international, en Allemagne, en France, en Suisse, en Italie et même au Moyen-Orient avec deux projets de musées malheureusement avortés. Et chacune de ses créations démontre le caractère universel de son style qui est la signature de tous les grands architectes.
Contact :
Cité de l’Architecture et du Patrimoine
Palais de Chaillot
1, place du Trocadéro
75116 Paris.
www.citedelarchitecture.fr
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