René-Jean Caillette, un designer au style international

Du 9 septembre au 22 octobre 2016, à la Galerie Pascal Cuisinier de Paris, découvrez le plus raffiné des designers français qui voulait séduire le monde entier avec ses créations.

Enfilade Sylvie, un exemple de simplicité qui reflète l’éthique de René-Jean Caillette : allier beauté et grande discrétion. En palissandre de Rio, laiton  brossé chromé. (H 88 x L 248 x P 50 cm). Edition Georges Charron, 1961.

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Un talentueux précurseur

On peut considérer René-Jean Caillette comme l’un des premiers designers français des Trente Glorieuses. Fils d’un ébéniste parisien, il a suivi les traces de son père, mais à sa façon en démocratisant la qualité grâce aux nouvelles possibilités de la fabrication en série. Ancien élève de l’Ecole nationale des Arts appliqués (Duperré), dès la fin des années 30, il se passionne pour le mobilier et le produit très tôt en série, tout en continuant en parallèle une carrière de graveur. René-Jean Caillette est un membre actif et dynamique du groupe Saint-Honoré qu’il a initié en 1949. Avec lui d’autres créatifs inventifs comme Ronan de la Godelinais, Roger Landault, Marcel Gascoin, Bernard Durussel, Jacques Hauville, et les frères Perreau. Leur première exposition organisée dans un local proche de la rue Royale montre un mobilier en chêne clair au modernisme tempéré pour ménages de tous âges. C’est à cette occasion qu’il rencontre René Gascoin, avec lequel il fonde l’Association des Créateurs de Mobilier en Série (A.C.M.S.) qui défend les droits d’une profession naissante. Sa vocation est de fournir du mobilier signé vendu au même prix dans toute la France. Cette association sera présente à chaque Salon des Arts Ménagers. René-Jean Caillette fonde ensuite sa propre agence. En 1950, il présente, dans la section Foyer d’Aujourd’hui du Salon des Arts Ménagers de 1950, des meubles transformables et démontables. En 1954, il forme un autre groupe, le Groupe 4, avec Geneviève Dangles, Joseph-André Motte et Alain Richard. L’éditeur Georges Charron ouvre une boutique 58, rue Notre-Dame-de-Lorette, au pied du Sacré-Cœur, pour vendre leurs créations. René-Jean Caillette est fidèle à cet éditeur et à l’aventure du groupe avec Joseph-André Motte jusqu’en 1972. Mais il travaille aussi avec Airborne, Steiner (sièges) et Pierre Disderot (luminaires), et expérimente de nouveaux matériaux comme le contreplaqué, l’inox, le rotin ou le plastique. Sa chaise Diamant, considérée comme l’un des plus beaux modèles de l’époque, a d’abord été fabriquée par Louis Faillet puis par Steiner. René-Jean Caillette a dit de ce modèle : « Il est le plus pur et le plus facile de mes modèles à fabriquer en contreplaqué moulé. Je l’ai dessiné avec un bout de carton, me disant que si le carton pouvait se plier, le bois se plierait. » Il a aussi mis au point un canapé-lit de conception nouvelle, particulièrement stable, qui devient dans une nouvelle adaptation, un modèle phare de Steiner. Enseignant à l’ENSAD, de 1954 à 1972, et à l’ESAG, de 1969 à 1981, il se soucie, comme nombre de ses confrères, de transmettre un message de modernité à ses élèves et futurs designers.

Chaise Diamant, structure en métal chromé et coque pliée en plaquage de teck, contreplaqué thermoformé moulé (H 75 x L 46 x P 42 cm). Edition Steiner, 1957. Une première version de la chaise Diamant avait été créée avec un piètement en bois pour l’Exposition universelle de Bruxelles en 1958.
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Chaise Diamant, structure en métal chromé et coque pliée en plaquage de teck, contreplaqué thermoformé moulé (H 75 x L 46 x P 42 cm). Edition Steiner, 1957. Une première version de la chaise Diamant avait été créée avec un piètement en bois pour l’Exposition universelle de Bruxelles en 1958.
©Courtesy Galerie Pascal Cuisinier

Des matériaux nouveaux

Après le contreplaqué moulé, Caillette expérimente des matériaux plus cossus comme les placages en Palissandre de Rio, les cuirs et les capitonnages destinés à une clientèle plus aisée. Car il fut le premier à comprendre que le mobilier contemporain s’adresse à une clientèle fortunée. En 1953, il suivra la campagne lancée pour promouvoir l’Acajou français et comme Joseph-André Motte, abandonnera les bois clairs. Les meubles de Caillette seront diffusés par les Magasins du Printemps et son « 8ème art » devient un aménagement économique et astucieux. Il défend aussi, le premier, les produits verriers dans « La Maison du Soleil » dans l’Exposition de l’Habitation, au Salon des arts ménagers de 1957. Ainsi, René-Jean Caillette démontre que l’emploi du verre massif permet d’obtenir un intérieur plus lumineux et reposant. Une idée très moderne à laquelle la table basse avec plateau en verre massif, présentée dans cette exposition n’est pas étrangère.

Table basse avec piètement en acajou et dalle en verre de Saint-Gobain (H. 43 x L. 120 x P. 51 cm). Edition Georges Charron, 1954.
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Table basse avec piètement en acajou et dalle en verre de Saint-Gobain (H. 43 x L. 120 x P. 51 cm). Edition Georges Charron, 1954.
©Courtesy Galerie Pascal Cuisinier

Des pièces rares

Les pièces présentées dans cette exposition ont réclamé une grande recherche, car l’ensemble des créations de René-Jean Caillette, qui ont été léguées aux Petits Frères des Pauvres, ont été dispersées en 2006 lors d’une vente hommage chez Tajan. Parmi les pièces rares, la chaise iconique Diamant et la table basse GC56 au plateau utilisant une épaisse dalle de verre et un piètement géométrique atypique. On peut aussi remarquer l’originalité des pieds en arc-de-cercle de la table et de l’enfilade Sylvie utilisant un bois exotique au veinage très décoratif, le fameux palissandre de Rio.  

René-Jean Caillette (1919-2004). C’est l’un des premiers designers à associer beauté et simplicité des formes avec quelques références à la tradition. Ses créations des années 1950, au style dépouillé, se démarquent des créations de l’époque encore enracinées dans les meubles de style.
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René-Jean Caillette (1919-2004). C’est l’un des premiers designers à associer beauté et simplicité des formes avec quelques références à la tradition. Ses créations des années 1950, au style dépouillé, se démarquent des créations de l’époque encore enracinées dans les meubles de style.
©DR

Renseignements :
Du 09 septembre au 22 octobre 2016

Galerie Pascal Cuisinier
13, rue de Seine
75006 Paris.
Tél. : 01 43 54 34 61
Mail : contact@galeriepascalcuisinier.com
www.galeriepascalcuisinier.com

Lampadaire B4 en laiton, métal laqué et  teck (H. 163 x Diam. 30 cm). Edition Pierre Disderot, 1955.
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Lampadaire B4 en laiton, métal laqué et teck (H. 163 x Diam. 30 cm). Edition Pierre Disderot, 1955.
©Courtesy Galerie Pascal Cuisinier

Lampadaire B1 avec abat-jour en bristol fort, laiton doré, bois et métal laqué (H 106 x Diam. 25,5 cm). Edition Pierre Disderot, 1952.
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Lampadaire B1 avec abat-jour en bristol fort, laiton doré, bois et métal laqué (H 106 x Diam. 25,5 cm). Edition Pierre Disderot, 1952.
©Courtesy Galerie Pascal Cuisinier

Table de salle à manger Sylvie, comme l’enfilade du même nom, elle sera présentée au Salon des Arts Ménagers de 1961. En palissandre, laiton brossé et chromé (H 74 x L 185 (300 ouverte) x P 95 cm). Edition Georges Charron, 1961.
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Table de salle à manger Sylvie, comme l’enfilade du même nom, elle sera présentée au Salon des Arts Ménagers de 1961. En palissandre, laiton brossé et chromé (H 74 x L 185 (300 ouverte) x P 95 cm). Edition Georges Charron, 1961.
©Courtesy Galerie Pascal Cuisinier

Article publié le 7 septembre 2016

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