Une lignée dans le monde de l’art
Une rue à son nom a été inaugurée à Paris en 1927, dans le 16ème arrondissement de Paris, où l’on peut voir quelques-unes de ces plus belles réalisations. Robert Mallet-Stevens est issu d’une famille de collectionneurs, mécènes, marchands d’art et experts en tableaux depuis le XVème siècle, Et dans son arbre généalogique on retrouve Adolphe Stoclet, commanditaire du Palais Stoclet de Bruxelles, chef d’œuvre absolu de La Sécession Viennoise, érigé par l’architecte Joseph Hoffmann. Architecte des années 1920-30, Mallet-Stevens a donné une nouvelle définition de l’architecture moderne: « L’architecte moderne peut faire autre chose qu’un bloc compact fait de pierre, de bois, de fer, de zinc, de fonte, de staff, de marbre, de stuc, de briques, de plomb ; il peut « jouer » avec une succession de cubes monolithes. La décoration rapportée n’a plus de raison d’être. Ce ne sont plus que quelques moulures gravées dans la façade qui accrochent la lumière. La lumière, c’est la façade entière. L’architecte supporte un bloc énorme, c’est la maison. Les saillies, les décochements rectilignes formeront de grands plans d’ombres et de lumière ; un cartouche, une guirlande de feuillages laisseront la place à des surfaces unies butant contre d’autres surfaces unies. L’architecture devient monumentale ».
Deux villas manifestes
Entre la Villa Cavrois, récemment restaurée et la Villa Noailles devenue centre d’art et de mode, tout l’art de Mallet-Stevens explose. Unité des façades, de l’architecture intérieure et de l’ameublement, recherche d’éclairages de jour comme de nuit, harmonie des proportions, la première, construite dans le nord de la France, s’impose en véritable œuvre d’art qui met en œuvre des technologies très novatrices à l’époque. Quant à la seconde, réalisée au contraire dans le Sud, elle préfigure un nouvel art de vivre ouvert sur l’extérieur avec sa salle de sport, sa piscine, sa terrasse et son jardin embrassant le paysage méditerranéen. A l’intérieur, des meubles de Pierre Chareau et Marcel Breuer, la lampe Gras, des rideaux peints par Sonia Delaunay ou un tapis créé par Djo Bourgeois. Outre de remarquables et nombreux documents et photos d’époque, on trouve également dans cette exposition, une sélection de meubles d’époque et notamment ceux de l’hôtel particulier ayant appartenu à Mallet-Stevens et créés par lui-même pour son propre usage. Ils témoignent du talent de ce roi de la géométrie et de la ligne qui combinait cubes et lames, grilles et trames, dans l’architecture comme dans le design. Côté couleurs, la palette de ce dandy moderne joue les contrastes en noir et blanc mais aussi les couleurs pastel (rose, jaune et beige) qui tranchent sur les teintes de rouge bordeaux et brun profond. Plusieurs déclinaisons de la célèbre chaise Tubor, dont on a attribué à tort la création à Mallet-Stevens, sont aussi présentées. En effet, il n’a proposé que des variations et nouvelles finitions. Mais c’est bien lui qui a créé le transat à la structure tubulaire sur laquelle était tendu un simple tissu et qui meublait la terrasse de la Villa Noailles à Hyères.
Hommage au jardin
Une seconde partie inédite de l’exposition est consacrée aux jardins, notamment ceux de la Villa Noailles. Le jardin, c’était la passion de Charles de Noailles, époux de Marie-Laure, couple de célèbres mécènes, commanditaires et propriétaires à l’origine de la Villa Noailles à Hyères près de Toulon. Commandée en 1923, Charles de Noailles a dit d’elle en l’imaginant et en s’adressant à Robert Mallet-Stevens : « J’ai envie de bâtir une maison extrêmement moderne, mais par moderne j’entends employer tous les moyens modernes pour arriver au maximum de rendement et de commodité. Je ne compte pas plus sacrifier un pouce de fenêtre pour obtenir une façade Louis XVI, que pour obtenir une façade moderne intéressante ». Quant au jardin, sa partie cubiste, son parvis et sa cour verte, véritable salon à ciel ouvert, imaginé par Gabriel Guevrékian, il découpe le paysage en tableaux offrant une vision contemporaine des arcades. Dans cet espace, une pelouse uniforme traversée par un chemin d’allées et quelques arbres méditerranéens font la liaison avec le paysage rythmé, entre les ouvertures, par des topiaires à la géométrie élémentaire mises en valeur par des socles en béton circulaires de trois degrés. La cour des pieds carrés offre aussi un sol divisé en carrés ou rectangles, qui accueille des arbres ou arbustes entre un pavement de dalles carrés et dessine un réseau orthogonal. Et dans le jardin bas, l’univers de Charles de Noailles, peuplé de haies de mythes encadrées de pivoines et des plus belles floraisons à couper pour décorer l’intérieur la maison, l’esthète féru de botanique a assouvi sa passion des plantes jusqu’à sa vente en 1947. Par la suite, il a continué à approfondir ses connaissances dans les jardins d’une ancienne bastide sur les hauteurs de Grasse, baptisée elle, la Villa Noailles à Grasse.
Renseignements :
Fondation CIVA Stiching
55, rue de l’Ermitage
1050 Bruxelles
Belgique
Tél. : 0032(0)2 642 24 62
Mail : info@aam.be
www.civa.brussels
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