L'alliance de pierres, galets, terre cuite et crue n'est pas rare dans la région Midi Pyrénées... dans d'autres régions également ! Les anciens faisaient avec ce qu'ils trouvaient à proximité pour des raisons économiques.
Ce qui est plus rare, c'est de les mettre en oeuvre aujourd'hui, tant le temps nécessaire à leur montage est long. Ce type d'ouvrage est réalisé ici contre un mur de pierres, comme décoration similaire à un soubassement en briquettes ( voir l'article sur les briquettes en parement de soubassement ) . Il aurait pu, tout aussi bien trouver sa place en guise de base de cloison ou d'épi séparatif...
Les pierres et les morceaux de tuile sont récupérés sur le chantier. Les galets ont été négociés dans une carrière proche.
La terre crue, argileuse à 30% (voir la fiche :mesurer un taux d'argile) et transformée mécaniquement en briquettes de terre compressée, se trouve en plusieurs dimensions dans des briquetteries entre 1,10 et 1,50 la briquette selon la taille (ici, en 21,5 x10,5 x7 cm à l'entreprise Calterra, à l'Isle-Arné dans le Gers). Elle peut se disposer sur ses chants larges ou longs, au gré de chacun ou selon les besoins et est adaptable au torchis et à la bauge.
Il est tout à fait possible, également, de louer la machine manuelle ou mécanique pour les confectionner soi-même. Le principe en est simple: la terre est humidifiée à 20% d'eau puis complétée de 4% de ciment ou de NHL 5. Les briquettes sont ensuite stockées, bachées sur des palettes, pendant 3 semaines.
Le tout se monte avec un mortier de type "corps d'enduit" à la chaux, dans lequel la chaux est mélangée avec de la terre argileuse (voir les articles: rejointoyer à pierres vues et enduit traditionnel à la chaux ).
Matériel et matériaux:
- sable ocre jaune en 0/4 ou 0/2
- chaux aérienne (CL 90)
- terre argileuse à 30%
- briques de terre crue
- galets
- tuiles cassées
- une bétonnière ou des auges de maçon
- des gants
- des truelles et langues de chat
- une brosse en chiendent
- lisseuses plastique et inox.
Mise en oeuvre
Ce mur exposé ouest en pierres calcaires hourdées à la terre, totalement enterré, était recouvert d'une gangue de ciment épaisse d'une vingtaine de centimètres qui dégoulinait d'eau tous les étés, phénomène du à l'effet de paroi froide sur un mur qui ne respire pas. Un marteau burineur et beaucoup d'huile de coude l'en ont débarrassé et le mur a ainsi séché tout un hiver. Le résultat est cet aspect présentant quelques traces d'humidité sur la base gauche à la jonction du socle de la cheminée et sur le centre bas. Rien de dramatique en terme d'humidité qui puisse justifier l'emploi de chaux hydraulique naturelle destinée aux lieux humides (voir la fiche: chaux aérienne ou hydraulique ?). Le choix du mortier s'est dirigé vers une composition de chaux aérienne et de terre argileuse qui permet l'adhérence parfaite des matériaux en présence entre eux. La terre à disposition est relativement chargée en bauxite ce qui explique la teinte lie de vin du mortier. La chaux en réduit les effets au séchage pour donner, au final, un coloris rose beige clair. |
formulation :
- 5 vol de sable 0/2
- 2,5 vol de chaux aérienne CL 90
- 0,5 vol de terre argileuse à 30%
Arrosez le sol et le mur sur l'ampleur suffisante la veille, puis une heure avant les travaux. Le jour même, faites tremper les briques de terre crue dans une auge remplie au tiers d'eau, sur deux de ses faces, pendant quelques minutes. Elles ne doivent pas se gorger d'eau (d'autant que trop longtemps immergées, elles pourraient se déliter) mais en contenir suffisamment pour ne pas "boire" celle du mortier. Une semelle de mortier fait le lit d'une première rangée de briques de terre posées sur leur chant de 7cm et espacées du 2/3 de leur longueur. Le mortier, souple sans être liquide, permet de positionner les briques, de vérifier et de rétablir les niveaux. |
Entre les briques, sélectionnez les pierres qui comblent les espaces. Hourdez-les en les "beurrant" soigneusement au mortier. |
Progression :
Progressez ainsi sur le niveau supérieur en alternant les briques de terres crue qui reposent sur les précédentes. Lissez le mortier hourdant les pierres à la langue de chat comme si vous exécutiez un enduit à pierres vues . |
La rangée suivante se compose de tuiles cassées posées de façon à ce que leur tranche affleure le lit de mortier sur lequel elles reposent. Une lisseuse en plastique ou en inox permet de délimiter l'aplomb du mortier par référence au muret déjà monté. Faites affleurer, au bord de ce mortier, le chant des tuiles visible dans le futur muret, puis de combler de mortier en lissant de façon à refaire une semelle, lisse et de niveau. |
La rangée suivante se compose en apparence de galets posés en épi. Le fond de la rangée est en fait comblé de pierres de petit calibre pour combler la largeur du muret. Seul le tiers avancé de la rangée reçoit des galets. Le principe consiste à les poser en diagonale et à les séparer les uns des autres par une couche de mortier. |
Le tout est ensuite recouvert d'une couche de mortier servant de lit à la rangée suivante... |
...qui accueille des galets dont seule la pointe ressortira. Il faut donc les placer à la perpendiculaire du reste de la progression puis les recouvrir de mortier pour entamer une nouvelle rangée. Vérifiez, bien entendu, les niveaux, entre chaque rangée. la progression reprendra, à votre gré, l'une des couches précédentes. Ici, elle suit le procédé précedent soit : briques de terre crue avec pierres intercalées et rangée de tuiles cassées... |
Toute la partie haute du muret est composée de grosses pierres hourdées. |
Finition :
Nettoyez les divers matériaux au vinaigre d'alcool cristal avec une brosse à dent usagée pour les plus délicats d'entre eux. |
Sur la derniere rangée, pour finir le muret, coulez une bonne couche de mortier d'environ 2cm. Vérifiez le niveau et la planéité et lissez à la lisseuse inox. |
Travaillez le bord à la main de façon à créer une bordure arrondie. Le séchage est assez long: comptez de 3 semaines à plusieurs mois selon l'épaisseur du muret. Il arrive que la brique de terre crue verdisse légèrement au séchage. Il suffit alors de la brosser en surface pour qu'elle finisse l'évaporation de l'eau quelle contient. Il est possible de laisser tel quel ou de poser par dessus une tablette en bois, collée ou vissée. |
Autres applications de la brique de terre crue :
Au gîte "La motte", à l'Isle-Arné dans le Gers, chez Gérard Vivès qui fabrique des briques de terre crue et Martine Moulet (Entreprise Calterra), des piliers, une voûte et une cheminée sont bâtis en briques de terre crue... | |
...des murets et des arcades associent briques de terre crue et de terre cuite. |
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